L’arrivée du sildénafil en 1998 aux États-Unis et l’année suivante en Europe a révolutionné la prise en charge de la dysfonction érectile (DE), qui concerne quelque 3 millions d’hommes en France. La classe des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 s’est depuis élargie, mais il n’y a pas eu de grandes avancées. Cette situation pourrait à terme évoluer car plusieurs types de nouveaux traitements sont à l’étude.
Le recours aux ondes de choc de basse intensité, initialement développé par Vardi et al., vise à libérer les facteurs de croissance et à stimuler la néo-vascularisation de la verge. Une méta-analyse (1) qui a colligé les données de 833 patients inclus dans 14 études, dont 7 randomisées, contrôlées, a mis en évidence une amélioration du score IIEF (International index of erectile function) de deux points par rapport au placebo. « Il s’agit certes d’une différence statistiquement significative, mais on peut s’interroger sur son impact réel en clinique », a souligné le Dr Jean-Etienne Terrier. Par ailleurs, il n’y a pas de consensus sur l’intensité à utiliser, la fréquence ou la localisation, et de nombreuses études présentent des faiblesses méthodologiques. « De nouvelles évaluations ont en cours, dont un Programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) mené sous l’égide de l’AFU et impliquant 5 centres en France. Ce PHRC, nommé Shock-ED, va évaluer de façon prospective, randomisée, en double aveugle versus placebo l’efficacité de quatre séances hebdomadaires d’un traitement par ondes de choc extracorporelles à faible intensité (TOCEFI). »
Une autre stratégie à l’étude est l’utilisation de plasma enrichi en plaquettes. Cette procédure consiste à injecter dans le corps caverneux du patient la fraction enrichie en plaquettes (après centrifugation) de son propre plasma. L’objectif est là encore de stimuler les facteurs de croissance. « Ce traitement n’a pour l’instant fait l’objet que de 3 publications chez l’animal, les données Cochrane dans les lésions musculo-squelettiques, où ce traitement est également évalué, ne retrouvent pas de différence avec le groupe contrôle, mais il est pourtant déjà proposé par certains sur internet à des prix variant entre 400 et 1 000 euros l’injection », a indiqué le Dr Terrier.
Une nouvelle arme
La thérapie cellulaire est une autre voie de recherche explorée dans les pathologies urologiques fonctionnelles comme la DE, mais aussi, l’incontinence urinaire d’effort ou les dysfonctions vésicales.
Deux essais ont été publiés : INSTIN, qui a montré chez 6 patients une amélioration de 10 points du score IIEF et une augmentation du flux artériel pénien après injection de cellules souches médullaires chez des patients sous trithérapie (sildénafil, alprostadil, vacuum). L’étude de Haarh publiée en 2016 a donné des résultats comparables après injection de cellules issues de la fraction vasculaire stromale. « Douze autres essais cliniques sont en cours ou en attente de publication, essais qui comportent le plus souvent une évaluation vasculaire objective par écho-doppler, point important dans une pathologie où l’effet placebo peut être majeur, » a souligné le Pr René Yiou. De nombreuses questions sont en suspens, portant notamment sur le type de cellules, la quantité à injecter et le schéma d’injection (dose unique ou escalade de dose). « Mais quoi qu’il en soit, il ne faut pas attendre de miracles de la thérapie cellulaire, qui représentera probablement une nouvelle arme dans la DE, mais ne réglera pas le problème comme par magie », a conclu le Pr Yiou.
D'après les communications du Dr Jean-Étienne Terrier (Lyon) et du Pr René Yiou (Créteil) au 110e Congrès français d'urologie.
(1) Z Lu et al. Eur Urol. 2 016 Jun 16. DOI : 10.1 016/j.eururo.2016.05.050
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