LE BÉNÉFICE réel des acides foliques pour prévenir des maladies cardiovasculaires n’a pas encore été élucidé. Les résultats des nombreuses études menées sur le sujet, tant observationnelles que randomisées, ont offert des conclusions divergentes. Mais la plupart d’entre elles ont porté sur l’efficacité des folates en prévention secondaire.
Une nouvelle étude, randomisée en double aveugle, a évalué leur bénéfice en prévention primaire d’un AVC, chez plus de 20 700 adultes chinois hypertendus. L’accident vasculaire cérébral est en effet la première cause de mortalité en Chine – un pays où, selon une analyse récente, seulement 0,2 % de la population répond aux critères de santé cardiovasculaire « idéale » définis par l’OMS.
Les patients ont été recrutés à condition de n’avoir aucun antécédent d’événement cardiovasculaire. La moitié a reçu un comprimé de 10 mg d’énalapril par jour (traitement hypotenseur), l’autre moitié, un comprimé combinant l’énalapril plus 0,8 mg d’acide folique. L’étude a été écourtée au vu des bons résultats obtenus sous folates à 4 ans et demi.
L’équipe rapporte une réduction du risque relatif d’AVC de 21 % pour les patients sous acide folique, et ce résultat reste pertinent après l’ajustement des données confondantes. La réduction du risque concerne les AVC ischémiques, pas les AVC hémorragiques. Enfin, aucun effet secondaire important n’a été rapporté dans les deux groupes.
Un bénéfice accru chez les patients à faibles taux sériques.
Pour découvrir si certains sous-groupes de patients sont particulièrement à même de bénéficier de cette supplémentation, les chercheurs ont pris soin de mesurer les taux sériques en folates en début d’étude. Ils ont également relevé le génotype des patients concernant le gène C667T (CC, CT ou TT), qui code pour une enzyme régulatrice du métabolisme des folates, la 5,10-méthylènetétrahydrofolate réductase (MTHFR). Les patients porteurs du génotype TT ont une activité MTHFR affaiblie, et par conséquent des taux circulants d’acides foliques faibles.
« Nous avons observé des variations individuelles considérables dans les taux plasmatiques d’acides foliques, et nous avons clairement montré que les effets bénéfiques de l’acide folique étaient plus prononcés chez les personnes avec des taux initiaux faibles », notent les auteurs. Chez les patients avec un taux d’acide folique inférieur à 5,6 ng/mL à l’entrée de l’étude, la proportion d’AVC était de 2,8 % dans le groupe avec supplémentation, contre 4,6 % dans le groupe sans supplémentation.
Pour les auteurs d’un éditorial accompagnant l’étude, ces nouveaux résultats sont convaincants. Ils préconisent de mener des études similaires chez les normotensifs, en rappelant que certaines populations, comme les Scandinaves, souffrent d’un manque d’acide folique.
Or, il s’agit d’une supplémentation peu onéreuse et sans danger apparent. « Les individus avec un génotype TT bénéficieraient sûrement d’une supplémentation en acide folique, mais il semble peu probable qu’un génotypage organisé à cet escient soit économiquement rentable », concluent-ils.
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