DEPUIS 2011, en France, plusieurs événements et choix stratégiques en matière de santé ont ébranlé la confiance des médecins et du grand public vis-à-vis de l’utilité et des dangers des médicaments, et ils ont eu un impact négatif très net sur l’évolution de la vaccination HPV. Les professionnels de santé, réunis lors du CNGOF, pointent du doigt l’affaire du Mediator, la mauvaise interprétation du plan de gestion des risques (PGR) concernant les vaccins HPV, ainsi que les polémiques sur les dangers de la vaccination, en particulier celle de l’hépatite B. « Pourtant, malgré cette chute de crédibilité, personne ne remet en cause l’efficacité de Cervarix, qui est de 100 % sur une population naïve en prévention primaire », constate le Pr Didier Riethmuller. Elle est indiscutable, non seulement par rapport aux agents pathogènes programmés dans le vaccin, mais aussi pour les autres papillomavirus, dont les HPV 16 et 18 impliqués dans la carcinogenèse du col de l’utérus ; le vaccin apporte également une protection additionnelle contre des types viraux cousins germains de ces deux HPV, et non directement ciblés par le vaccin.
Alors pourquoi cette cacophonie ? interroge le professeur. L’une des raisons réside dans la bonne acceptation par le patient d’effets indésirables potentiels à venir sur le long terme : la vaccination est un pari sur l’avenir, elle ne guérit pas et n’a pas d’effet immédiat, et elle s’adresse à un sujet bien portant qui est alors réfractaire à l’idée de se faire vacciner. « Plus précisément, avec le vaccin HPV, la vraie raison se situe au niveau de la sexualité de la jeune fille de 14 ans ; la réalité d’un cancer du col de l’utérus à l’âge de 14 ans est peu envisageable pour la jeune adolescente et pour ses parents, car elle renvoie à la sexualité, analyse le Dr Michèle Lachowsky, gynécologue ; il faut communiquer en déconnectant le message sanitaire de l’image du sexe et de la sphère sentimentale qui entourent le vaccin. »
Des preuves cliniques de bonne tolérance.
La tolérance est également au cœur du débat, et, là encore, de nombreuses études randomisées contrôlées, effectuées sur des cohortes de milliers de personnes, ont apporté la preuve qu’il n’y avait pas de surrisques liés à la vaccination versus placebo. Les études ne permettent pas non plus d’établir un lien de causalité pour le risque éventuel de maladies auto-immunes. Quant aux étapes de surveillance du PGR, elles n’apportent pas une conation de suspicion sur le produit, mais elles font partie des bonnes pratiques médicales. Le PGR est indispensable pour protéger la population d’éventuels effets non détectés à ce jour, et aussi pour dédouaner le produit d’effets indésirables dont il n’est pas responsable. « Ce vaccin est le prototype d’une prophylaxie vraie et de cancer évitable, et il permet aussi d’éviter toutes les maladies qui précèdent le cancer, insiste le Pr Didier Riethmuller : il suffit de vacciner moins de 150 jeunes filles pour éviter un cas de cancer invasif et six lésions précancéreuses. Cervarix est donc un vaccin efficace, bien toléré, rentable, et ses bénéfices cliniques seront optimisés lorsque la couverture vaccinale sera suffisante et atteindra au moins 70 % ; il n’est plus acceptable de raisonner en terme de mortalité. »
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