Révolution médicale en vue

La vieillesse serait-elle une maladie ?

Par

Publié le 06/07/2015

Article réservé aux abonnés

C’EST une véritable révolution médicale, thérapeutique, et même philosophique, que laisse entrevoir le projet du Dr Nir Barzilaï. Pour le directeur de l’Institut de recherche sur le vieillissement de l’Albert Einstein College of New York, la vieillesse ne serait pas moins qu’une maladie. Son projet ? Convaincre qu’un médicament susceptible de ralentir les processus de vieillissement doit être pris en charge par la collectivité. C’est pour en convaincre ses interlocuteurs que le chercheur avait rendez-vous, le 24 juin dernier, à la FDA (Food and drug administration). Au départ de cette originale démarche un antidiabétique bien connu, la metformine. Cette molécule, utilisée depuis plusieurs dizaines d’années dans le monde, a montré à l’occasion d’une étude britannique menée sur des diabétiques de type 2, qu’elle favorisait l’allongement de l’espérance de vie de ces malades par rapport à celle des patients traités par un autre médicament, et même par rapport aux sujets non-diabétiques ! Il n’en fallait pas plus pour donner au Dr Barzilaï l’envie de mener une étude dédiée. Le projet TAME (Targeting Aging with MEtformin, pour ciblage du vieillissement avec la metformine), s’il est mené à bien, consistera à donner de la metformine à 3 000 personnes âgées (non atteintes de diabète de type 2) pendant cinq à sept ans. Les sujets choisis auront au moins une pathologie liée à l’âge (cancer, maladie cardio-vasculaire ou problème cognitif) ou bien feront partie d’une population à risques. Un essai dont le coût est estimé à 50 millions de dollars. Personne ne sait encore si les administrateurs de la FDA sont sortis convaincus de leur réunion avec le Dr Barzilaï. Quoi qu’il en soit, s’ils accordaient un jour le statut d’indication médicale à la vieillesse, nul doute que l’industrie pharmaceutique mondiale se jetterait tête baissée sur ce nouveau filon…

DIDIER DOUKHAN