Le troisième lundi de janvier serait, paraît-il, le jour le plus déprimant de l’année. Le « blue monday », c’était donc lundi dernier. S’il n’y a rien de très scientifique dans cette affirmation (d’essence plutôt commerciale), personne ne contestera que, ces jours-ci, la chute du mercure ajoutée au déficit de lumière solaire et aux finances en baisse d’après les fêtes sont générateurs d’une morosité ambiante qui frise, pour certains d’entre nous, la dépression…
Pour prévenir ces « coups de blues » hivernaux, nous avons vu récemment que le port d’un drôle de bracelet électronique pouvait donner l’alerte (notre édition du 21 janvier). Mais d’autres moyens existent. Comme la luminothérapie, qui consiste à éblouir ses mirettes au moyen d’un soleil portatif, ou la phytothérapie, dont les adeptes au moral en berne retrouveront le sourire grâce aux vertus du millepertuis, de la passiflore ou du safran.
Au sein de cet arsenal anti-déprime, une nouvelle arme pourrait bien faire prochainement son entrée : la voix. Et pas n’importe laquelle, votre propre voix… Ou presque. Ce sont les travaux d’un jeune scientifique français, Jean-Julien Aucouturier, chargé de recherche au CNRS, qui explore cette nouvelle voie(x).
Son objet de recherche ? Tenter de comprendre les différents mécanismes de production d’émotions dans notre cerveau en réponse à divers types de stimuli sonores. Son expérience, inédite - dont les conclusions sont publiées dans la revue « PNAS* » -, utilisait un logiciel capable de transformer très légèrement la tonalité de la voix humaine.
Casque sur la tête, 120 volontaires ont ainsi lu pendant 10 minutes un texte à haute voix sans savoir que le son qui leur était restitué avait subi (en 20 millisecondes) un traitement acoustique qui rendait leur voix plus haute, plus basse, plus sourde ou plus tremblante. Chacun de ces traitements avait vocation à traduire un sentiment : la joie, la tristesse, l’angoisse… Ainsi, avant et après la lecture, l’état émotionnel des participants a été mesuré à l’aide d’un questionnaire et de capteurs electro-dermiques.
L’être humain fait trop confiance au son de sa voix
Ce qu’a pu constater Jean-Julien Aucouturier, c’est qu’entre le début de leur lecture et la fin, les sentiments des lecteurs avaient changé en fonction des tonalités imposées à leurs propres voix. « La manipulation fonctionne pratiquement à chaque fois. C’est la preuve que l’être humain écoute le son de sa voix pour savoir comment il se sent et que, parfois, il lui fait trop confiance », résume le chercheur. Un constat qui ouvre des pistes de recherche intéressantes, assurent les chercheurs.
Appliqué à la voix humaine, l’algorithme induisant la joie pourrait ainsi être utilisé dans le traitement de la dépression. Le logiciel de manipulation de voix est disponible au téléchargement sur le site www.cream.ircam.fr. À essayer le troisième lundi de janvier 2017 ?
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