Le groupe Leclerc confirme que près d'un millier de boîtes de nutrition infantile ont été commercialisées dans ses magasins depuis la date du rappel de ces produits Lactalis, le 21 décembre dernier. Cette annonce intervient alors que, selon l’Institut Pasteur, les analyses comparatives des deux bactéries mises en cause dans l’usine Lactalis en Mayenne, l’une en 2005 et l’autre en 2017, font apparaître des similitudes importantes.
Le premier groupe de distribution français, E. Leclerc, reconnaît avoir vendu 984 produits concernés après le rappel de lots du 21 décembre. Le distributeur, qui ne communique pas la localisation des points de vente, affirme avoir identifié les consommateurs ayant acheté ces produits. Selon E. Leclerc, une procédure d'appel par les directions de ces magasins est en cours, tandis qu'un numéro vert a été ouvert.
La bactérie qui a contaminé l’usine Lactalis de Craon (Mayenne), provoquant plusieurs dizaines de salmonelloses chez des nourrissons, n’est pas une inconnue. Cité dans la « Revue de l’industrie alimentaire » (RIA), Simon Le Hello, bactériologiste et directeur du Centre national de référence salmonelle de l’Institut Pasteur de Paris, chargé de l’enquête, explique que la souche de Salmonella Agona, l’un des 2 600 sérotypes du genre Salmonella, à l’origine de la contamination des laits infantiles, « dériverait de celle de 2005 ».
À l’époque, l’usine de Craon, alors propriété du groupe Celia, avait subi une contamination similaire. Le rapport de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) rappelait alors que les salmonelles détenaient des caractéristiques expliquant la persistance de la contamination : « Les Salmonella ont en effet la capacité de survivre dans les poudres de lait et de se multiplier rapidement lors de la reconstitution (...). Elles croissent à des températures comprises entre 5,5 et 45 °C, les poudres de lait étant probablement stockées à des températures comprises dans cette fourchette, elles peuvent s'adapter à la dessiccation, devenir résistantes au stress environnemental, comme la chaleur et le manque de nutriments, et ainsi survivre pendant de longues périodes dans un environnement sec. »
Selon l’Institut Pasteur, il se pourrait que la bactérie ait pu subsister dans l’environnement et se serait adaptée en ne produisant plus de sulfure d'hydrogène. Notons que l’usine avait été en arrêt technique en mai 2017. La revue « RIA » fait d’ailleurs référence à un cas similaire survenu aux États-Unis où des travaux effectués dans une usine de riz soufflé avaient réactivé le contact entre la bactérie et le produit.
Pour l’heure, l’Institut Pasteur, qui possède des souches anciennes permettant des comparaisons, n’a pas encore rendu de résultats définitifs. Il reste à exclure le cas de contamination très sporadique entre 2005 et 2017. Mais si elle venait à se vérifier, l’hypothèse d’une résurgence serait sans aucun doute suivie de près dans l’instruction du dossier. Ces conclusions pourraient même peser sur une réévaluation des normes en vigueur.
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