Face à l'augmentation des détournements d'usage de médicaments contenant de la codéine à des fins récréatives, en particulier par des adolescents, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) cherche à restreindre un « accès trop facile ».
Les premiers signalements d'un usage détourné de médicaments contenant de la codéine datent de 2013, selon l'ANSM. Ainsi, en 2016, elle constate une hausse de « demandes de délivrance suspectes rapportées par des pharmaciens d'officine mais aussi de cas de dépendance ou d'abus ayant pu conduire à une hospitalisation ». D'autant que, sur cette même période, se développait la mode du Purple Drunk, cette boisson mélangeant prométhazine, codéine et soda fabriquée par les adolescents. En 2016, l'ANSM a comptabilisé une quinzaine de signalements, dont deux ayant nécessité une hospitalisation. Depuis le début de l'année, elle a reçu cinq signalements d'utilisation abusive par des mineurs, dont deux ont entraîné leur décès, mais précise que ces chiffres ne sont pas exhaustifs. « Il est fort probable qu'il y ait d'autres cas, pas déclarés », souligne Nathalie Richard, directrice adjointe du pôle de l'ANSM chargé des antalgiques et des stupéfiants.
C'est ainsi que Pauline, 16 ans, est décédée d'une overdose de codéine le 2 mai, après 10 jours de coma. Sa mère, Christelle Cebo, a lancé une pétition sur Internet pour interdire la vente sans ordonnance de tout produit contenant de la codéine. L'ANSM a annoncé « réfléchir aux différents leviers juridiques réglementaires » pour limiter l'accès à ces médicaments disponibles sans ordonnance en pharmacie, sous la forme de sirop contre la toux et de comprimés antalgiques. Elle va lancer prochainement « une étude spécifique sur ce phénomène » auprès des pharmacies et des services d'urgences pédiatriques afin de mieux connaître la « typologie » des usages détournés et leurs « conséquences sanitaires ». L'ANSM renouvelle un appel à la vigilance des pharmaciens, rappelant qu'ils « peuvent refuser une vente quand ils jugent que la délivrance du médicament peut avoir des conséquences sanitaires ». Elle souhaite enfin sensibiliser les professionnels de santé en contact avec des adolescents, ainsi que les enseignants.
En avril 2015, l'Ordre des pharmaciens s'était emparé du problème d'usage détourné de certains médicaments à des fins récréatives et appelait les confrères à la plus grande vigilance (lire notre article « abonnés »). En Australie, la codéine a été bannie de sa liste OTC le 1er juin dernier.
Avec l'AFP.
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