L’Organisation mondiale de la santé vient de publier un rapport portant sur l’antibiorésistance à l’échelle mondiale. Le constat est alarmant. « Les bactéries résistantes aux antibiotiques représentent une grave menace qui n’est plus une prévision, mais bien une réalité », s’inquiète l’OMS. Et désormais toutes les régions du monde sont concernées.
Pour le Dr Keiji Fukuda (OMS), il faut réagir au plus vite : « à moins que les acteurs concernés agissent d’urgence, de manière coordonnée, le monde s’achemine vers une ère post-antibiotiques, où des infections courantes et des blessures mineures qui ont été soignées depuis des décennies pourraient à nouveau tuer. »
Le rapport de l’OMS, qui collige les données provenant de 114 pays, s’est penché sur sept bactéries responsables de maladies graves courantes (septicémie, diarrhée, pneumonie, infection urinaire et gonorrhée). Il montre que les résistances - et notamment celles aux antibiotiques de derniers recours - se sont propagées dans toutes les régions du monde. Que ce soit la résistance de Klebsiella pneumoniae aux carbapénèmes, d’Escherichia coli aux céphalosporines et fluoroquinolones de 3e génération, ou encore de Neisseria gonorrhoeae aux céphalosporines de troisième génération. Par ailleurs, les infections dues au Staphylococcus aureus résistant à la méticilline sont désormais monnaie courante. Elles atteignent 90 % des cas dans certains lieux du continent américain et 60 % des cas dans certains lieux d’Europe.
Risque de décès augmenté.
Conséquence de cette hausse des résistances : les patients sont malades plus longtemps et le risque de décès augmente. Par exemple, les personnes atteintes du staphylocoque doré résistant à la méticilline ont un risque de décès 64 % plus élevé que celles atteintes d’une forme non résistante de l’infection.
Pour l’OMS, l’usage inapproprié des antibiotiques est une des principales causes de résistance : dans les pays pauvres, les doses administrées sont trop faibles et dans les pays riches, leur utilisation est au contraire excessive. L’OMS dénonce aussi le manque de surveillance de l’usage des antibiotiques chez les animaux destinés à la consommation.
Ce rapport donne le coup d’envoi des efforts que mènera l’OMS pour combattre l’antibiorésistance au niveau mondial. Tout d’abord, rappelons que chacun peut contribuer à cette lutte en utilisant les antibiotiques uniquement lorsqu’ils sont prescrits, en terminant le traitement conformément à l’ordonnance même si l’on se sent mieux et en ne partageant jamais des antibiotiques avec d’autres personnes. De plus, l’OMS recommande à chaque pays de mettre en place des systèmes pour surveiller le phénomène comme il en existe aux États-Unis ou en Europe, de mettre l’accent sur la prévention des infections et sur la mise au point de nouveaux antibiotiques.
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