TOUT COMME arrow, le laboratoire de génériques Mylan offre désormais six dosages de buprénorphine. Ce traitement de substitution aux opiacés (TSO) est désormais disponible à 1 mg, 4 mg et 6 mg de principe actif, en plus des comprimés sublinguaux à 0,4 mg, 2 mg et 8 mg. Ces trois dosages sont ceux de Subutex, mis sur le marché par Schering Plough il y a une quinzaine d'années.
Le recours à ce médicament a considérablement amélioré la prise en charge des toxicomanes. Les TSO ont permis de réduire de 80 % le nombre de décès par overdose. Ils ont aussi participé à un recul de la contamination par l'hépatite C et le VIH au sein des populations toxicomanes. En France, aujourd'hui, près de 95 000 patients reçoivent de la buprénorphine.
Rendu largement accessible, ce traitement a aussi ses travers. « Les produits de substitution aux opiacés sont détournés de leur usage par un petit nombre de patients, mais dans des quantités non négligeables », rappelle William Lowenstein, médecin chef de la clinique Montevideo. Autre écueil, émanant cette fois des prescripteurs, le manque d’adaptation des traitements. Le spécialiste des addictions constate que les médecins ne réduisent pas suffisamment les dosages et les posologies lorsque le patient semble stabilisé. « Il s'installe une routine dans la prescription. L'ordonnance est renouvelée pendant des années sans que rien ne change », estime William Lowenstein. En pratique, nombreux sont les patients qui adaptent le traitement de leur propre chef. « Notre rôle est de leur expliquer les dangers de ce yo-yo », indique Marie-Josée Augé-Caumon, officinale et conseillère à l'USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine). Impliqué dans la prise en charge par TSO, le généraliste lyonnais Albert Fhima rappelle les missions de ses confrères. « Les professionnels de santé doivent avoir une démarche coordonnée, car les patients jouent sur les oppositions, les mises en difficulté du médecin et du pharmacien », souligne le praticien. Pour lui, la prise en charge doit prendre en compte l'aspect comportemental du patient. Ainsi, lorsqu’il rétablit des liens avec sa famille, trouve un travail, se met en couple, c'est un signal pour adapter son traitement.
Aux yeux des spécialistes, l'arrivée de nouveaux dosages de la buprénorphine va encourager ces remises en question. Elles devraient aussi concerner l'opportunité de la coprescription de psychotropes. Mais le générique a encore du chemin à faire dans la voie du TSO. Alors que le taux de substitution approche 85 % pour le répertoire dans son ensemble, il n'est que de 30 % environ pour la buprénorphine, relève Marie-Josée Augé-Caumon.
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