Est-ce se tromper de cible que de vouloir augmenter le HDL cholestérol, le « bon cholestérol » par opposition au LDL, pour lutter contre le risque cardio-vasculaire ? C’est ce à quoi conclut une vaste étude canadienne de cohorte, la CANHEART study, chez plus de 631 000 sujets âgés en moyenne de 57 ans.
Selon les chercheurs de Toronto, le HDL cholestérol, classiquement considéré comme protecteur, ne serait en définitive pas un facteur spécifique du risque cardio-vasculaire. Il ne servirait donc pas à grand chose de chercher à faire monter le « bon cholestérol »,
une piste lancée il y a plus d’une
décennie. À l’origine de cette hypothèse, il existe un lien épidémiologique fort entre le taux de HDL et le risque cardio-vasculaire. Une consommation d’alcool et l’exercice physique sont connus pour augmenter le HDL cholestérol. Pour autant, les essais cliniques visant à augmenter le HDL, notamment avec la niacine ou les inhibiteurs de la CETP, se sont soldés par des échecs.
Un effet sur la mortalité non cardio-vasculaire
L’étude dirigée par Jack Tu et Dennis Ko, publiée dans le « Journal of the American College of Cardiology », montre qu’un taux bas de HDL cholestérol (< 0,3 g/l) est bien associé à une augmentation de la mortalité cardio-vasculaire (risque plus que doublé chez la femme et augmenté de 80 % chez l’homme) mais aussi, - et c’est la première fois -, à celles par cancers (risque doublé chez la femme et augmenté de 60 % chez l’homme) et toutes causes (risque doublé), et pour tous de façon indépendante.
De plus, un autre résultat sème le trouble : des taux très élevés de HDL cholestérol ( > 0,7 g/l pour les hommes et > 0,9 g/l pour les femmes) sont associés à une mortalité non cardio-vasculaire augmentée. Peut-être en raison d’une forte consommation d’alcool, l’alcool étant le moyen le mieux connu d’augmenter le HDL cholestérol, proposent sans conviction les auteurs.
Se reconcentrer sur le mode de vie
La cohorte CANHEART a inclus 631 762 sujets, âgés de 40 à 105 ans en 2008, et sans antécédent cardio-vasculaire. Au cours d’un suivi médian de près de 5 ans, 17 952 décès ont été enregistrés. Il ressort que les sujets ayant les taux les plus bas de HDL cholestérol avaient un statut socio-économique plus bas, un mode de vie moins sain (indice de masse corporelle < 25, activité physique modérée, consommation de fruits et légumes, tabagisme) et davantage de co-morbidités (diabète, HTA, BPCO).
« Le lien entre le "bon cholestérol" et les maladies cardiaques est complexe, explique Dennis Ko, l’auteur principal. Mais il apparaît certain qu’il existe une association entre les sujets ayant un taux bas de "bon cholestérol" et d’autres facteurs de risque connus de maladie cardiaque comme de mauvaises habitudes pour l’alimentation et l’activité physique, et d’autres maladies ».
Et de conclure : « Rester concentré sur la hausse du HDL ne va pas aider ces patients, mais ces résultats montrent qu’un des meilleurs moyens pour le traitement et la prévention de la maladie cardiaque continue d’être le mode de vie », résume-t-il.
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