LA MAÎTRISE des doses en imagerie médicale « est un problème extrêmement complexe », reconnaît André-Claude Lacoste, président de l’ASN. Et les médecins ne sont donc pas les seuls à bénéficier de ce « message d’alerte ». « Si les professionnels de l’imagerie médicale sont les premiers acteurs des progrès en radioprotection médicale, les acteurs institutionnels de la santé et du travail sont également à mobiliser du fait de leur rôle décisif en ce qui concerne les équipements, les ressources humaines, le financement des formations, le développement de l’assurance de la qualité et l’évaluation des pratiques professionnelles », indique l’Autorité.
Selon un rapport de 2010 de l’Institut de radioprotection (IRSN) et de l’Institut de veille sanitaire (InVS), l’augmentation des doses délivrées aux patients – le quart de la population française chaque année – est de 47 % en cinq ans (pour le scanner, elle est d’environ 50 % entre 2002 et 2007). « Il est nécessaire de limiter les examens répétés pour une même personne, notamment les enfants », rappelle le responsable des rayonnements ionisants à l’ASN, Jean-Luc Godet, qui parle d’un risque de cancer radio-induit. « Il ne s’agit pas de chercher une belle image : une bonne image suffit », insiste-t-il.
Dans le dernier numéro de la revue de l’ASN « Contrôle » (n° 192, disponible sur www.asn.fr) consacré à l’imagerie médicale, le Dr Hervé Brisse (institut Curie) montre, notamment, combien l’optimisation des doses en scanographie pédiatrique est importante. Or, d’après les inspections réalisées en 2009 dans 250 services en radiologie interventionnelle, l’ASN a constaté que ce principe d’optimisation était appliqué de manière incomplète « par manque de formation ou de matériels adaptés ». En ce qui concerne la radioprotection des travailleurs, le bilan était également insuffisant, avec, par exemple, « une utilisation fréquente des appareils par les infirmiers, en lieu et place des manipulateurs en électroradiologie, en dehors du cadre légal ».
Des outils pour le généraliste.
Afin de « faciliter le travail du médecin généraliste », explique Jean-Luc Godet, l’ASN entreprend, en lien avec la Société française de radiologie et la Commission européenne, le développement d’outils d’aide à la décision pour le choix des examens d’imagerie. Le guide du bon usage des examens d’imagerie médicale, publié fin 2004, est en cours de révision (avec la Société française de médecine nucléaire). Une version électronique sera disponible début 2012. D’autres solutions sont proposées au niveau national : augmenter la disponibilité des personnes compétentes en radioprotection (PCR), renforcer la formation notamment auprès des professionnels non spécialistes mais utilisateurs des rayonnements ionisants, en particulier dans les salles d’opération et de radiologie interventionnelle. Les appareils d’imagerie par résonance médicale (IRM) sont trop peu nombreux (en France, on compte 8,7 IRM par million d’habitants pour une moyenne européenne de 20), regrette André-Claude Lacoste, qui évoque la nécessité d’une tarification « plus incitative ». « Nous ne pouvons pas agir sur toutes les manettes mais il nous revient d’attirer l’attention sur ces divers problèmes. À chacun de jouer son rôle. »
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