Ailleurs dans le monde plusieurs équipes médicales avaient déjà réussi à reconstituer des organoïdes de pancréas, côlon, foie, sein, prostate. Mais pour la vessie, c’est une première !
L’innovation a été menée à Toulouse par les équipes du Pr Xavier Gamé chirurgien au département d’urologie et de transplantation rénale de l’hôpital Rangueil ; dans le cadre d’un consortium mis en place avec une équipe de l’INSERM et Urosphère, une plate-forme de recherche en urologie expérimentale. « L’équipe INSERM avec laquelle nous avons travaillé avait une expérience sur l’organoïde de côlon, nous avons donc bénéficié de leur savoir-faire avec des adaptations et cela nous a donné une longueur d’avance », estime le Pr Xavier Gamé. En effet le projet toulousain a été mené en un temps très court : un an à peine. Après cette innovation qui a permis la reconstitution de l’épithélium d’une vessie saine, la prochaine étape consistera à analyser le mécanisme pathologique d’une vessie malade.
Médecine prédictive
« Nous sommes maintenant capables de réaliser cet organoïde à partir de cellules souches atteintes par une tumeur, ceci va nous permettre de tester les thérapies avant de les administrer pour définir celles qui sont les plus efficaces, et nous pensons l’utiliser en routine d’ici deux ans », décrit le spécialiste. Cette médecine prédictive qui existe déjà en réponse à certains traitements n’est utilisée que pour les cancers du sang et du sein, mais elle ne se pratique que sur les animaux et nécessite 4 mois d’attente pour connaître les résultats. « Grâce aux organoïdes nous pourrons avoir les résultats en 15 jours pour le cancer de la vessie, ce qui peut changer considérablement la donne pour les patients », prévoit le Pr Gamé. La prévalence du cancer de la vessie est de 17 cas pour 100 000 habitants et 15 % des patients sont atteints d’une tumeur dans le stade infiltrant, c’est-à-dire avec atteinte complète du muscle. « Dans un premier temps c’est cette frange de patients qui sera concernée par ces traitements prédictifs, mais à terme, nous espérons aussi les utiliser pour les tumeurs non infiltrantes », conclut-il.
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