Le BCG poursuit son chemin dans le diabète de type 1. De nouveaux résultats de l’essai du Massachusetts General Hospital (MGH) ont été présentés le 10 juin au cours des 77es journées scientifiques de l’American Diabetes Association (ADA) à San Diego par le Dr Denise Faustmann, professeur à Harvard et investigateur principal.
Lancé en 2015 sur 5 ans chez 150 personnes, cet essai de phase 2 révèle des données intermédiaires intéressantes. L’équipe du Dr Faustmann vient de décrire le mécanisme par lequel des injections répétées de BCG restaurent une réponse immunitaire appropriée au cours de la maladie auto-immune.
Stimulation permanente épigénétique
Selon les scientifiques américains, le BCG augmente de façon permanente, via l’épigénétique, l’expression de gènes restaurant l’activité bénéfique des cellules T régulatrices (Treg). « De nombreuses équipes à travers le monde travaillent sur la capacité du BCG à renverser l’auto-immunité, a expliqué le Dr Faustmann, dont l’équipe était la première en 2015 à montrer des résultats positifs chez l’homme dans un essai de phase 1. Ces résultats donnent une idée plus précise sur comment le vaccin BCG semble fonctionner en modifiant puissamment l’induction Treg (...) C’est incroyable qu’un vaccin aussi bien toléré et peu coûteux puisse être la clef ».
L’essai du MGH consiste à comparer l’HbA1c d’adultes diabétiques de type 1 après injections répétées de BCG à celle d’un groupe placebo. Le protocole testé comprend deux injections espacées de 4 semaines la première année puis une injection par an pendant les 4 années suivantes.
Immunodéficience et théorie de l'hygiène
« C’est une approche tout à fait intéressante, estime Agnès Lehuen, directrice de recherche INSERM sur l’immunologie du diabète à l’Institut Cochin. Contrairement à ce qui a été longtemps pensé, l’auto-immunité n’est pas qu’une exacerbation de la réponse immunitaire, il est établi que cette réponse délétère est associée à une immunodéficience. En réalité, c’est plutôt un défaut de réponse régulatrice qui est en cause dans le diabète de type 1 ». Ces constats scientifiques vont dans le sens de la théorie de l’hygiène, selon laquelle la moindre exposition aux agents bactériens se traduit par une moins bonne qualité de la réponse régulatrice.
Comme l’explique Agnès Lehuen, c’est un champ de recherche très bien étudié et documenté que le fait de stimuler le système immunitaire à l’aide de molécules bactériennes permet d’induire une réponse des cellules régulatrices. « Différents types de cellules protectrices sont impliqués, comme les Treg, les cellules myéloïdes régulatrices ou les cellules NKT, poursuit-elle. Pour les activer, plusieurs molécules bactériennes sont à l’étude, car ce sont a priori les plus puissantes, mais d’autres particules d’origine infectieuse, notamment virale, pourraient avoir un effet. »
Plusieurs approches d’immunothérapie ont déjà fait leurs preuves pour retarder le développement de la maladie. « Chez la souris, il est prouvé qu’il est possible de bloquer le diabète, explique Agnès Lehuen. Mais, pour l’instant, chez l’homme, aucun essai n’a réussi à obtenir la guérison du diabète plus de 1 an et 1/2. La maladie est retardée et moins grave. Mais ces résultats montrent que c’est faisable et que l’on a raison d’y croire ». Des essais de prévention chez les sujets à haut risque pourraient venir à terme. La fin de l’étude BCG est prévue pour juillet 2020.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques