L’infection à Clostridium difficile, favorisée par un déséquilibre de la flore intestinale, est la principale cause de diarrhée infectieuse chez les patients hospitalisés. Cette bactérie sporulée produit des toxines (A et B) qui peuvent provoquer une inflammation sévère du côlon, parfois fatale. Le grand problème de cette infection est le risque de rechutes multiples.
« Environ un patient sur quatre ayant été traité par antibiotique pour une première infection à C. difficile fera une rechute. Ces infections récidivantes sont plus difficiles à traiter et présentent des évolutions plus sévères pour le patient. Il est donc important de traiter de façon optimale les premiers épisodes d’infection, d’autant plus que chaque récidive augmente le risque de développer un nouvel épisode », explique le Pr Mark Wilcox de l’Université de Leeds (Royaume-Uni) qui a dirigé les deux essais de phase 3 (MODIFY I et II) avec le laboratoire Merck.
Ces deux essais, publiés dans le « New England Journal of Medicine », visaient à évaluer une approche d’immunothérapie passive pour réduire le risque de rechute de l’infection, en utilisant un anticorps monoclonal qui neutralise la toxine A (actoxumab) ou la toxine B (bezlotoxumab).
Dans 30 pays
Randomisés en double insu, et contrôlés par placebo, ces essais ont été conduits dans 30 pays. Ils portent sur 2 500 adultes (66 ans en moyenne) ayant une infection à C. difficile, initiale ou en rechute, traitée soit par métronidazole (47 %), vancomycine (48 %), ou fidaxomicine (4 %).
Les patients ont été randomisés en 4 groupes afin de recevoir (dans les 6 premiers jours de l’antibiothérapie) en infusion IV : 1) une dose de bezlotoxumab (10 mg/kg) ; 2) une dose d’actoxumab (10 mg/kg) ; 3) une dose de bezlotoxumab et une dose d’actoxumab (10 mg/kg) ; 4) ou un placebo. Après guérison initiale de l’infection à C. difficile, les patients ont été suivis pendant 3 mois afin d’examiner le taux de rechute.
Patients âgés, immunodéprimés, infection sévère
Les résultats montrent qu’avec l’ajout du bezlotoxumab, on observe un taux de rechute de 17 %, ce qui est significativement plus faible au taux observé avec l’actoxumab ou le placebo (26 %). Combiner les 2 antitoxines n’offre pas d’avantage par rapport au bezlotoxumab seul. Enfin les effets secondaires sont similaires dans tous les groupes.Au vu de ces données, le bezlotoxumab a reçu le feu vert de la FDA et l’avis favorable de l’Agence européenne du médicament (EMA).
Il reste à définir quels patients pourraient le plus bénéficier de l’adjonction du bezlotoxumab. Selon le Pr Wilcox, l’antitoxine-B pourrait être particulièrement indiquée pour les patients âgés, immunodéprimés, ou ayant une infection sévère.Le rapport coût-efficacité de ce nouvel agent devra être comparé aux autres options, estime le Dr John Bartlett dans un éditorial. La fidaxomicine, disponible depuis peu, est d’un coût élevé mais associée à un faible taux de rechute ; d’autres approches médicamenteuses (ridinilazole, surotomycine, cadazolide, RBX2660, et SER-109), ainsi qu’une souche non toxigénique du C. difficile, et 3 vaccins différents sont en cours d’évaluation. Enfin, la transplantation fécale est hautement efficace, mais plutôt réservée aux patients ayant eu plusieurs rechutes.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques