MIEUX VAUT agir que ne rien faire. C’est l’une des conclusions d’une vaste étude prospective nationale au Japon ayant évalué deux techniques de réanimation cardio-pulmonaire chez des enfants en arrêt cardiaque. Quand un enfant est en état de mort apparente, l’homme de la rue peut inverser la fatalité en portant assistance. Si la survie des enfants est améliorée quelle que soit la réanimation réalisée en premier recours, l’équipe du Dr Tetsuhisa Kitamura montre également que la méthode conventionnelle par ventilation et massage cardiaque externe (MCE) est à privilégier chez les enfants, contrairement à ce qui est recommandé pour les adultes. Alors que les arrêts d’origine non cardiaque sont les plus fréquents dans la population pédiatrique, représentant plus de 70 % des cas, il est apparu que la méthode conventionnelle améliore significativement le pronostic neurologique à 1 mois par rapport aux compressions thoraciques seules. Quant aux arrêts de cause cardiaque, les deux techniques se sont révélées équivalentes.
Ces résultats soulignent l’importance de ne pas extrapoler aux enfants les conclusions obtenues chez les adultes. « Chez les adultes, les arrêts cardiaques sont d’origine cardiaque dans 65 % des cas, soulignent des réanimateurs pédiatriques espagnols dans un éditorial. Les arrêts cardiaques chez les enfants ont ainsi des caractéristiques spécifiques et au moins 71 % des arrêts cardiaques sont d’origine non cardiaque. » Ces spécificités pédiatriques permettent d’expliquer la contradiction apparente avec les recommandations récentes émises par l’American Heart Association. En 2008, la société savante américaine a en effet pris position en faveur de la réanimation par MCE seul chez les adultes. Plus facile et moins rebutante à réaliser par les passants dans la rue, cette technique s’est révélée bénéfique chez les adultes, en particulier en cas de fibrillation ventriculaire, par rapport à la méthode avec bouche-à-bouche.
Bouche-à-bouche bénéfique.
L’étude observationnelle japonaise a inclus 5 170 enfants âgés de 17 ans au plus ayant été victimes d’un arrêt cardiaque extra-hospitalier entre janvier 2005 et décembre 2007. Étaient recueillis l’âge, l’origine de l’arrêt et la présence des premiers gestes de réanimation et le type de technique utilisée. Le critère principal de jugement était le pronostic neurologique à 1 mois. Près de 3 675 (71 %) des enfants ont présenté des arrêts de cause non cardiaque et 1 495 (29 %) d’origine cardiaque. Tandis que 1 551 enfants (30 %) ont été réanimés de façon conventionnelle, 888 (17 %) l’ont été par compressions thoraciques seules. Quelle que soit l’assistance apportée, le devenir des enfants était amélioré par rapport à l’absence de réanimation dans la rue. Si pour les arrêts de cause cardiaque, les deux techniques étaient équivalentes, la réanimation conventionnelle associant le bouche-à-bouche et MCE apporte des bénéfices substantiels dans les étiologies extracardiaques. À noter, en revanche, que le pronostic des nourrissons de moins de 1 an est sombre, quel que soit le type de réanimation réalisé et, plus inquiétant, qu’il y ait ou non de secourisme.
Double programme de secourisme.
Au vu de leurs résultats, les médecins de santé publique de l’université de Kyoto concluent de privilégier chez les enfants en arrêt cardiaque la réanimation conventionnelle avec ventilation et compression. « Comment ces recommandations d’un abord compliqué peuvent-elles être mises en place ? », anticipent les auteurs. Comme la réanimation par compressions seules est universelle et plus facile à réaliser, l’équipe du Dr Kitamura propose une stratégie de double programme pour le secourisme. À la population générale, pourrait être enseignée la technique de réanimation par compressions seules, facile à apprendre et à mémoriser à long terme. En revanche, une formation spécifique pour la méthode conventionnelle pourrait être dispensée aux publics en contact avec les enfants, comme les professionnels de santé, les secouristes, les instituteurs et professeurs, les maîtres nageurs ou les éducateurs.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques