Permettre aux consommateurs habituels d’acheter leur cannabis au comptoir des pharmacies : l’idée fait son chemin en Europe. En particulier en Suisse, où un projet d’expérimentation est à l’étude (« le Quotidien » du 18 avril). En Allemagne, la réflexion porte sur l’autorisation pour les pharmacies de dispenser du cannabis thérapeutique. Pendant ce temps, en France, des voix s’élèvent pour modifier la loi encadrant le stupéfiant avec l’objectif de casser un marché aux mains de trafiquants.
D’autres, au contraire, campent sur leurs positions. À commencer par l’Académie nationale de pharmacie qui a récemment rappelé sa vive opposition à toute légalisation de la marijuana. L’instance considère que cela représenterait alors « un très mauvais message adressé à la jeunesse de notre pays, et ses conséquences seraient catastrophiques en terme de santé publique, spécialement dans notre pays caractérisé par une consommation record en Europe ». Pour les académiciens, « la légalisation du cannabis serait la pire des solutions à adopter pour lutter dans notre pays contre ce fléau », même si leur apparaît « indispensable d’intensifier la lutte contre le trafic et de multiplier les actions de prévention et d’information, notamment à l’attention de la jeunesse ».
Rappel des risques
Les officinaux français ne sont pas particulièrement enthousiastes pour vendre du cannabis. Selon une enquête réalisée sur notre site, près de 54 % d’entre eux s’y disent, en effet, opposés (« le Quotidien » du 28 avril). De toute façon, les Français ne sont pas favorables à une évolution du cadre législatif. Selon un sondage réalisé par Odoxa pour la MNH, le Figaro et France Inter*, 59 % se déclarent contre la légalisation du cannabis et 56 % contre sa dépénalisation. La tendance s’inverse chez les consommateurs réguliers, puisque plus de 6 sur 10 (64 %) sont pour la légalisation et près de 7 sur 10 (69 %) pour la dépénalisation. À noter que près de 30 % des personnes ayant répondu au sondage confient avoir déjà consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie. Parmi elles, 9 % indiquent en consommer soit régulièrement (2 %), soit de temps en temps (7 %).
Si les Français ne souhaitent pas voir la loi changer dans ce domaine, leur regard vis-à-vis du cannabis semble avoir évolué. En particulier à l’égard de sa nocivité. Alors qu’une majorité d’entre eux le classait autrefois parmi les « drogues » à ne pas toucher, ils estiment aujourd’hui qu’il n’est pas plus nocif pour la santé que le tabac ou l’alcool dont la consommation est légale. Seulement 36 % considèrent ainsi cette substance comme dangereuse, contre 38 % pour l’alcool et 25 % pour le tabac. Un sentiment que ne partage pas l’Académie de pharmacie qui rappelle les effets néfastes du cannabis, notamment sur les jeunes : perturbation de la maturité cérébrale entre 12 et 20 ans, troubles anxieux, dépression, risque suicidaire, fort déclin des performances scolaires, diminution irréversible du QI… Sans oublier le pouvoir cancérogène de la fumée de cannabis qui est supérieur à celle du tabac.
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Françoise Amouroux
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