VINGT volontaires ont appris à positionner, une par une, cinquante images d’objets visualisées sur un écran d’ordinateur qui devaient retrouver un emplacement spécifique sur l’écran. Chaque objet était par ailleurs ap?parié à un son caractéristique ; par exemple, l’image d’un chat était accompagnée d’un miaulement, l’image d’une théière de son sifflement, etc. Peu après, les participants étaient invités à faire une sieste pendant une heure et quart dans une pièce sombre et calme, et leur sommeil était surveillé par EEG. Durant la phase de sommeil profond (non-REM), les individus étaient exposés aux sons associés à 25 objets de l’apprentissage spatial, soit la moitié des objets, sans pour autant être réveillés.
Après la sieste, les participants ont visualisé les 50 objets et ont essayé de positionner chacun dans son emplacement original. Alors qu’ils déclaraient ne rien avoir entendu pendant le sommeil, les participants plaçaient mieux les 25 objets qui avaient été rappelés par leurs sons durant le sommeil. Ce test de mémorisation spatiale mettait en évidence un net avantage pour l’emplacement des objets rappelés par leurs sons chez 10 des 12 participants.
En revanche, dans une expérience de contrôle menée chez 12 autres participants restant éveillés, l’exposition aux sons après l’apprentissage n’influençait pas la mémorisation.
« Cette recherche suggère fortement que notre esprit n’est pas complètement fermé durant le sommeil profond, lequel est plutôt un moment important pour consolider la mémoire », note dans un communiqué le Dr John Rudoy, premier signataire de l’étude. Cette étude montre que les sons peuvent pénétrer le sommeil profond et être utilisés pour guider la répétition d’une information spécifique, guidant la consolidation des souvenirs d’une personne dans une direction plutôt que dans une autre.
Consolidation de la mémoire.
Ce travail ajoute ainsi une nouvelle facette à la masse croissante des données scientifiques montrant que les souvenirs sont traités durant le sommeil ; le cerveau est très actif durant le sommeil, passant en revue l’information récemment acquise et l’intégrant avec d’autres connaissances dans un mystérieux processus de consolidation de la mémoire.
La recherche sur cette question s’était principalement intéressée au sommeil paradoxal (REM), le sommeil caractérisé par un mouvement oculaire rapide et durant lequel 80 % des rêves se produisent.
Mais de récents travaux ont commencé à s’intéresser au traitement des souvenirs durant le sommeil profond.
« Nous commençons à voir que le sommeil profond est en fait un moment clé pour le traitement des souvenirs », souligne le Pr Paller.
« Pendant le sommeil, les personnes peuvent traiter n’importe quelle information de la journée – ce qu’elles ont mangé au petit déjeuner, ce qu’elles ont regardé à la télévision… Mais nous avons décidé quels souvenirs récents se?raient activés chez nos volontaires, nous les avons guidés à répéter certains des emplacements qu’ils avaient appris une heure plus tôt, explique le Pr Ken Paller, qui a dirigé l’étude. Des rappels durant le sommeil peuvent être utilisés pour cibler la réactivation et la consolidation des souvenirs individuels. »
De nombreuses questions.
Cette étude ouvre la voie à de nombreuses questions. Par exemple, les étudiants pourraient-ils mieux réussir aux examens scolaires si leur apprentissage de la journée était complété par des sons durant le sommeil nocturne ? L’apprentissage d’une langue étrangère ou d’autres matières pourrait-il bénéficier de leçons diffusées durant le sommeil?? Les nourrissons, qui dorment beaucoup, pourraient-ils apprendre plus vite une première langue si la stimulation survenait durant les siestes ou la nuit ? Est-ce que les souvenirs peuvent être altérés au même titre qu’ils peuvent être consolidés ? Ainsi, pourrait-on guider des individus à oublier des souvenirs indésirables, comme des événements traumatiques ?
« Nous ne connaissons pas les ré?ponses mais d’autres expériences sur le traitement des souvenirs du?rant le sommeil vont certainement suivre », estime le Pr Paller.
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