Diabétologues et psychologues s’intéressent de près à la détresse liée au diabète (diabetes specific emotional distress), définie par le poids psychologique que représente le stress de la maladie, la crainte des complications ou les émotions liées à la gestion du diabète au quotidien. Elle est considérée comme le facteur de santé psychosocial le plus important dans la prise en charge d’un diabète. Elle est évaluée par différentes échelles, comme celle du questionnaire PAID (Problem Areas In Diabetes) ou la Diabetes Distress Scale, relativement imparfaites, que le projet World Diabetes Distress Study (WDDS) souhaite compléter par une enquête mondiale auprès des diabétiques… sur Twitter.
Une association à risque
Selon une étude récente, la prévalence de la détresse liée au diabète serait de 42 % chez les DT1, de 36 % chez les DT2, et elle pourrait déjà exister au stade du prédiabète. Elle est étroitement intriquée avec la dépression et l’anxiété. « Ce qui signifie que, sur dix de vos patients diabétiques, un souffre de dépression majeure, et un ou deux de troubles anxiodépressifs », insiste le Pr Frans Pouwer, psychologue (Danemark).
Mais on a aussi constaté que, en cas de dépression, le risque de développer un DT2 est plus élevé (RR = 1,3). Or l’association troubles anxiodépressifs et diabète est loin d’être anodine, puisqu’elle augmente les difficultés à obtenir un bon contrôle glycémique et que chez le diabétique la dépression augmente la mortalité de toute cause (HR = 1,46) ainsi que la mortalité cardiovasculaire (HR = 1,39).
Des pistes neurologiques à explorer
On manque d’études sur les liens physiopathologiques entre dépression, diabète et complications. Il est évident qu’interviennent les angoisses et les contraintes liées à la maladie chronique et ses complications, et que les dépressifs tendent à consommer plus de tabac et d’alcool, ont plus souvent une activité physique diminuée et un équilibre alimentaire douteux. Mais quel est l’impact de l’hyperglycémie, de la variabilité glycémique, de la dysfonction microvasculaire, sans oublier l’altération de l’axe hypothalamo-hypophysosurrénalien et du système nerveux autonome ? Une étude menée sur des jumeaux a aussi mis en évidence un chevauchement génétique entre le DT2 et la dépression. « Mais si les diabétologues insistent sur la nécessité d’évaluer le profil psychologique de leurs patients, la prise en charge des troubles dépressifs n’a jusqu’ici pas fait la preuve d’une grande efficacité sur le contrôle du diabète. Selon une méta-analyse de 2010, les interventions, pharmacologiques ou non, réduisent significativement la symptomatologie dépressive, mais leur impact est modeste sur le contrôle du diabète. Toutefois, l’association entre la psychothérapie et l’éducation à l’autocontrôle de la maladie donne de meilleurs résultats que le traitement pharmacologique », constate le Pr William H. Polonsky (États-Unis).
Session « Diabetes and the Mind: Psychological Aspects » au 54e congrès de l'EASD.
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