« NOUS CONSTATONS en premier lieu que le diabète de type?1 (DT1) augmente de façon importante, de 3 à 5 % par an, sans que cela s’explique. C’est la maladie auto-immune endocrinienne de l’enfant qui a été la plus étudiée pour cette raison », indique le Pr Carel. Le plus grave est la précocité de survenue. Le diabète augmente surtout chez les moins de 5 ans. « Dans le service d’endocrinologie à Robert Debré, il y a 15 ans, il y avait de 70 à 80 nouveaux cas par an. Actuellement on voit 120 nouveaux cas par an, de tous les âges (jusqu’à 18 ans), avec une proportion accrue chez les moins de 5 ans et notamment chez les 15 mois et les 18 mois », relate le spécialiste. « Il n’y a pas de marqueurs de l’auto-immunité dans les 120 cas annuels que nous observons. Mais les tout-petits en revanche ont presque tous des anticorps positifs (anti-îlot anti-insuline, anti-décarboxylase de l’acide glutamique et anti-tyrosine phosphatase membranaire), ce qui confirme la nature auto-immune ».
Une symptomatologie très bruyante.
C’est une véritable augmentation, et pas un biais de dépistage, car ce diabète de l’enfant n’est pas asymptomatique. Au contraire, la symptomatologie est très bruyante et rapidement évolutive. Cela donne des glycémies à 4 ou 5 g/l, avec un passage en acidocétose très rapide, en l’espace de 24 heures. »
Les signes d’appel peuvent être des signes de malaise, mais aussi une polyurie qui met les parents en alerte. « C’est un enfant réclame brutalement beaucoup à boire et qui urine de manière inhabituelle au lit ou qui mouille anormalement ses couches. »
Lorsque le diagnostic est posé, il s’agit d’une véritable urgence, car la décompensation métabolique est très rapide, suivant en cela la destruction des cellules bêta. S’il n’est pas pris en charge, en peu de jours, l’enfant risque de se retrouver en acidocétose en réanimation.
Chez l’enfant, plusieurs points spécifiques sont à noter :
– Il est très insulinodépendant. L’insulinosécrétion résiduelle décroît ou s’annule très rapidement. « Dans le DDT, plus ils sont petits, moins ils ont de cellules bêta. Et ils perdent très vite ce qu’ils ont. » enchaîne le Pr Crale.
– Le traitement se fait par pompe ou multiinjections, ce qui dans un cas comme dans l’autre est compliqué à gérer.
– Comme ce sont des diabètes qui commencent à un très jeune âge, la durée d’exposition à l’hyperglycémie est maximum. Les complications sur la rétine et le rein peuvent apparaître dans l’adolescence ou chez le très jeune adulte.
– Dans les familles, la maladie a un impact majeur. C’est une maladie lourde et chaque âge a ses complications spécifiques. Chez le tout petit, c’est très compliqué et cela demande un investissement majeur des parents.
– Chez l’adolescent, c’est aussi compliqué : la capacité des adolescents à faire face aux contraintes est limitée. Et le diabète est plus compliqué à équilibrer car accompagné de bouleversements hormonaux.
Aucune hypothèse validée.
À quoi peut-on attribuer ce phénomène ? Le diabète de l’enfant est une maladie complexe multifactorielle, génétique et environnementale. Les études épidémiologiques peinent à faire apparaître les déterminants expliquant la croissance de cette pathologie. On a passé au crible des facteurs tels que l’âge d’exposition aux céréales, au lait de vache, à la vitamine D... Mais il apparaît qu’une exposition aux céréales trop tôt fait augmenter le risque, et trop tard également. La vitamine D a peut-être un petit effet. La théorie hygiéniste, les infections virales chez la mère ont été étudiées, sans que rien n’apparaisse.
Dans le Lancet, il y a 3 ans, était publiée une analyse de l’évolution du diabète dans les différentes régions d’Europe, avec des projections de prévalence dans la communauté européenne. En 2005, on dénombrait 90 000 enfants diabétiques. En 2020, il y en aura 160 000. Ce qui semble dû à un double effet : une augmentation de la fréquence et des débuts plus précoces, les cas sont donc parmi les enfants diabétiques plus longtemps. Une augmentation aussi observée chez les adolescents.
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