L’AUGMENTATION de la prévalence de la goutte aux États-Unis (16/100 000 en 1977 vs 42/100 000 en 1996) coïncide avec un accroissement substantiel de la consommation des boissons au goût sucré et du fructose, le seul carbohydrate connu pour augmenter le niveau d’acide urique dans le sang. Les boissons sucrées contiennent de grandes quantités de fructose. En 2008, une étude prospective mettait en cause le fructose contenu dans les sodas et autres « soft drinks » dans l’augmentation de l’incidence de la goutte chez les hommes.
Historiquement, la goutte est considérée comme une maladie masculine. Mais le poids de cette maladie n’est pas négligeable chez les femmes de 70 ans et plus, qu’elle touche à hauteur de 5 %.
Hyon Choi et coll. ont examiné de façon prospective les relations entre consommation de « soft drinks » édulcorées au fructose et apparition de goutte chez les femmes de la Nurses’ Health Study, une étude de suivi longitudinal et prospectif d’une cohorte aux États-Unis.
Pendant un laps de temps de vingt-deux ans (1984-2006) ont été analysées les données de 78 906 femmes n’ayant pas d’antécédent de goutte à l’inclusion et qui ont fourni des données sur leur consommation de boissons sucrées et de fructose par des questionnaires validés.
Il y eut au cours du suivi 778 cas incidents documentés de goutte. « L’accroissement de la prise de sodas sucrés est associé de manière indépendante à une augmentation du risque de goutte », observent Chui et coll.
En prenant comme référence une consommation inférieure à un soda par mois, le risque relatif multivarié de goutte pour une boisson par jour atteint 1,74 (augmentation de 74 %) ; et il est de 2,39 pour deux boissons ou davantage (p ‹ 0,01). Le risque relatif pour le jus d’orange est de 1,41.
Les boissons sucrées allégées (dites light) ne sont pas associées à un risque de goutte (p = 0,27).
En comparant les personnes du quintile le plus élevé de consommations de fructose, à celles dans le quintile le plus bas, les premières ont un risque multivarié de 1,62, soit une différence de risque de 28 cas pour 100 000 personnes années.
Ces associations sont indépendantes des facteurs de risque de la goutte, tels que l’IMC (indice de masse corporelle), l’HTA, la ménopause, l’utilisation de diurétiques, la prise d’alcool et une forte consommation de produits laitiers, de viande, de fruits de mer, de café et de vitamine C.
Ces données apportent la première preuve chez des femmes que le fructose et les boissons riches en fructose représentent des facteurs de risque évitables de la goutte. Leur consommation est à prendre en considération dans la prévention primaire ou secondaire de la goutte. À la réduction des apports puriques, on peut ajouter celle des apports en fructose.
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