CONTRÔLER les indicateurs impliqués dans l’évolution de la pathologie, être acteur de son propre suivi médical, contribuent à responsabiliser l’individu et à partager quelque peu la charge du professionnel de santé. Les homes tests sont une des expressions de cette tendance et plus spécialement les avancées technologiques dont ils font preuve. Pour exemple, les lecteurs de glycémie qui occupent 80 % à 90 % du marché des home tests en valeur en pharmacie. Étudiés pour être de plus en plus faciles à utiliser, ils sont le résultat d’une innovation technologique permanente : échantillon sanguin minimal ou lancette conçue pour réduire la douleur, recherche des hypo et hyperglycémies, mémorisation des valeurs et calcul de moyennes, fiabilité des résultats, calibrage non nécessaire, assistant bolus pour connaître la dose d’insuline à injecter, dispositifs nomades… Roche Diagnostics a ainsi revu un des modèles Performa de sa ligne Accu-Chek, dont le laboratoire présentera en janvier prochain la nouvelle version. Elle viendra seconder les lecteurs Accu-Chek Performa Nano, dont la petite taille et le design permettent d’accompagner le patient dans sa vie quotidienne, et Accu-Chek Mobile, un lecteur tout en un et sans bandelettes conçu pour faciliter l’autosurveillance chez les patients. « Ce dispositif nomade a permis d’améliorer l’observance du contrôle, ce qui est indispensable quand on sait que 42 % des diabétiques de type 1, et 65 % des diabétiques de type 2 traités par insuline surveillent leur glycémie moins de trois fois par jour !, indique Marie Pené-Marie, directeur marketing de la division Diabetes Care chez Roche. Notre objectif est donc d’améliorer nos appareils pour qu’ils soient toujours plus simples et faciles à utiliser. » Une grande attente persiste en matière d’innovation technologique, les patients souhaitant pouvoir un jour disposer d’un système entièrement autonome, capable de délivrer la juste dose d’insuline à partir du prélèvement capté. « C’est le but que tout le monde aimerait atteindre, quoique l’entière robotisation du traitement par insuline comporte des risques. Il est plus réaliste, pour l’instant, de travailler à diminuer le nombre de manipulations, ce qui réduit la possibilité d’erreur dans la dose à injecter. »
Se prendre en charge.
D’autres lancements sont prévus en 2014, comme celui du lecteur MyStar Extra de Sanofi, capable de fournir des estimations de l’hémoglobine glyquée (HbA1c), indicateur du contrôle de la glycémie sur le long terme. Il complétera une gamme composée des lecteurs BGStar et IBGStar, qui proposent une gestion simple du diabète au quotidien. Abbott Diabetes Care, pour sa part, présente un nouveau lecteur de glycémie, Optium Néo, dans la ligne Freestyle. Facilement transportable et doté d’un écran hautement contrasté pour une plus grande lisibilité, il se veut plus pratique pour les patients sous insuline qui se testent 3 à 4 fois par jour. Lifescan propose aux patients sous insulinothérapie intensive de mieux gérer leur diabète grâce à son lecteur One Touch Verio IQ, que secondent deux autres modèles One Touch (Vita, UltraEasy), et Bayer Santé met l’accent sur la précision des résultats qu’offrent ses deux lecteurs, Contour XT et Contour Next USB, que complètent les modèles Contour Next, Breeze 2 et Contour Link.
La tendance croissante à une plus grande autonomie dans la prise en charge de sa santé répond aussi à un autre phénomène, loin d’être positif, celui-là. En effet, la progression des pathologies faisant l’objet d’auto surveillance, est indéniable : 2,9 millions de personnes diabétiques en 2009, dont 5,6 % de type 1 et 91,9 % de type 2 traitées pharmacologiquement (Institut de veille sanitaire, « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » de novembre 2010). Douze millions d’hypertendus en France à l’origine du premier motif de consultations en médecine générale, avec plus de 41 millions de visites chez le médecin par an (Comité français de lutte contre l’hypertension artérielle). Un chiffre impressionnant qui explique, pour une part, la progression des ventes d’autotensiomètres, rehaussée de 8 % en volume pour le circuit pharmaceutique. En 2012, le segment a donc compté environ 420 000 appareils vendus pour un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros (+6 %). « On considère que moins d’un hypertendu sur deux est équipé d’un tensiomètre, souligne Roman Bastien, chef de produit chez Marque Verte. C’est donc un marché qui est loin d’avoir atteint sa maturité, d’autant qu’il intéresse potentiellement bien d’autres profils pathologiques, les personnes touchées par un accident vasculaire cérébral ou par un problème cardiaque, les diabétiques, dont la maladie est un facteur aggravant de l’hypertension… »
D’autres facteurs, plus directs, impulsent sa dynamique au marché. Un discours de santé publique qui met l’accent sur l’intérêt de mesurer sa tension et de participer à son propre suivi médical, des fabricants qui communiquent plus facilement sur leurs produits, le rôle de conseil du pharmacien qui s’est beaucoup développé – encouragé par la loi HPST – et qui a pour effet de s’impliquer plus franchement en faveur de la clientèle et de sa santé… « L’encadrement assuré par l’officine dans le conseil et la vente d’autotensiomètres est absolument nécessaire car peu de personnes savent les utiliser correctement. Le pharmacien doit expliquer le fonctionnement des appareils et rappeler les conditions à respecter pour obtenir des résultats fiables. »
La technologie comme atout.
L’utilisation d’autotensiomètres ne pose pas de difficultés particulières, même si ces appareils mettent en œuvre une technologie avancée : mémoire permettant d’enregistrer les mesures, d’effectuer des moyennes, de détecter une arythmie (...) pour des modèles adaptables au bras ou au poignet. On les trouve notamment chez Paul Hartmann, Omron, Cooper, Oméga-Pharma, Visiomed, Marque Verte, Dectra Pharm et auprès de plusieurs groupements. « Il y a globalement peu d’évolution technologique dans ce secteur, même si les appareils tendent vers plus d’ergonomie et de communication, certains permettant d’envoyer les mesures par téléphone portable au moyen d’une application », poursuit Roman Bastien.
Pas de progression notoire chez les thermomètres qui représentaient 1,6 million d’unités vendues pour 22 millions d’euros en 2012 (source fabricants). Si tous ont un fonctionnement électronique et un niveau de sophistication certain, ils divergent dans leur mode de prise de la température. Le thermomètre digital, qui occupe la plus large part du segment, est secondé par les modèles à prise auriculaire et à prise frontale. De nombreux fabricants en proposent, Visiomed, Cooper, Paul Hartmann, Marque Verte, Dectra Pharm, Oméga-Pharma… « Sur ce segment, la plus forte progression est générée par les thermomètres sans contact qui effectuent donc la mesure à distance. » Tous ces appareils ont également besoin d’être expliqués au public, la mesure variant selon l’endroit de la prise et le calibrage du thermomètre. « Sans compter que chacun possède sa propre température qui doit être prise quand on est en bonne santé pour pouvoir constater un écart. »
Même stagnation sur le segment des tests de grossesse et d’ovulation qui se sont vendus à hauteur de 4,5 millions d’unités en 2012 pour un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros. Les deux types de dispositifs suivent cependant des voies très différentes. Les tests d’ovulation se destinent à un public qui connaît des difficultés de conception. Ils reposent sur un protocole plus complexe pour définir la période favorable, mais sont aussi plus rémunérateurs, avec un volume de vente bien moindre que celui des tests de grossesse. Ces derniers, en revanche, font preuve de prix relativement bas et d’une innovation modérée qui tend vers une détection précoce de l’hormone de grossesse, quelques jours avant l’apparition des règles. On les trouve en autres sous les marques Clearblue (Procter & Gamble), Digitest (Marque Verte), Exacto (Dectra Pharm), Predictor (Oméga-Pharma)…
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