LE MIRACLE n’aura guère duré : à peine plus de soixante-dix ans après la découverte de la pénicilline et des sulfamides, des centaines de milliers de patients sont victimes d’infections résistantes sans qu’il soit parfois possible de lutter contre les germes nosocomiaux (mais de plus en plus souvent aussi communautaires) à l’origine d’infections souvent banales : urinaires, cutanées, ORL, bronchiques, qui deviennent problématiques voire dramatiques.
Les rapports de l’ECDC (European Centre for Disease prevention and Control) et de l’OMS enregistrent notamment la dissémination de staphylocoques dorés méthicillino-résistants, d’entérocoques résistants à la vancomycine, d’entérobactéries productrices de bêta-lactamases de spectre étendu (tout particulièrement Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae) et productrices de carbapénèmases, de Neisseria ceftriaxone-résistants, d’Escherichia, de salmonelles et de shigelles résistants aux fluoroquinolones, de pyocyaniques, d’Acinetobacter et de Clostridium exprimant des résistances multiples… Ceci explique que la résistance bactérienne ait été reconnue en 2013 comme l’un des défis majeurs dans le domaine de la santé par les ministres de la santé du G8 alors même que l’industrie pharmaceutique semble avoir renoncé à développer de nouveaux antibiotiques. Question de mode peut-être, à l’heure où les centres d’intérêt se sont déplacés vers d’autres médicaments (inhibiteurs des tyrosine-kinases, anti-VHC, etc.) offrant une meilleure rentabilité économique.
Dix antibiotiques innovants.
Il n’est donc pas sans intérêt de voir l’IDSA (Infectious disease society of America) faire pression auprès de la Maison Blanche afin que des mesures spécifiques soient prises pour encourager le développement d’antibiotiques nouveaux dans le cadre d’un programme, le « 10x20 Initiative », visant à la commercialisation de dix antibiotiques innovants d’ici 2020 (www.antibioticsnow.org/). Le gouvernement américain favorise et subventionne désormais la recherche sur les antibiotiques (et, déjà, des start-up tentent de relever le défi nouveau que posent les germes gram négatifs multirésistants en raison de leur diversité et de leur extraordinaire rapidité à acquérir de nouvelles résistances) mais aussi sur le développement de tests de diagnostic rapides permettant d’identifier et de caractériser le profil des germes incriminés. La Biomedical advanced research and development authority (BARDA) en charge de ce programme bénéficie à ce titre de fonds fédéraux dédiés (plusieurs candidats antibiotiques devraient ainsi entrer en phase III d’expérimentation en 2016) et agit en synergie avec d’autres organismes dont notamment l’Antibacterial Resistance Leadership Group (ARLG).
Mais la lutte n’aura de sens qu’organisée aussi à l’échelle supranationale. Une collaboration étroite s’est engagée depuis quelques années entre les États-Unis et l’Europe avec la création en 2009 d’une alliance atlantique contre l’antibiorésistance : la Transatlantic Taskforce on Antimicrobial Resistance (TATFAR) et, bien sûr, avec l’OMS qui développe un programme spécifique destiné à enrayer ce qui pourrait constituer l’une des plus grandes menaces sanitaires du XXIe siècle. 2020 : le défi sera-t-il relevé ?
Rapport remis à La Maison-Blanche, septembre 2014, 37 pages
www.cdc.gov/drugresistance/national-strategy/
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