95 % des Guadeloupéens et 92 % des Martiniquais sont contaminés au chlordécone, selon les premiers résultats d’une étude de Santé publique France qui sera présentée en octobre, et dont les grandes lignes ont été dévoilées par « le Monde » du 6 juin.
Ce pesticide, utilisé massivement dans les bananeraies des Antilles pour éliminer le charançon de 1972 à 1993, s’avère être très toxique. Aux États-Unis, il est d’ailleurs interdit dès 1976… Mais on attendra 1993 pour le bannir de Martinique et de Guadeloupe. Depuis ce temps, le chlordécone n’a pas disparu : sa présence persistante dans les sols, les eaux de rivières et les sédiments est à l’origine de la contamination de la viande, des légumes, des poissons, des crustacés, ainsi que des hommes.
Cancérogène possible
Ce perturbateur endocrinien est classé comme cancérogène possible par l’Organisation mondiale de la Santé depuis 1979. Depuis, il a montré ses effets délétères sur la santé des habitants dans plusieurs études. Notamment en 2009, une étude de l’Institut national de veille sanitaire montre une surincidence de myélome multiple chez les hommes résidant dans des zones d’utilisation du chlordécone. En 2010, une étude de l’INSERM conclut à une augmentation du risque de cancer de la prostate pour des concentrations sanguines en chlordécone supérieures à 1 μg/L. D'ailleurs, les Antilles françaises détiennent le record mondial en termes d'incidence de cancer de la prostate.
En 2014, une autre étude INSERM menée sur plus de 1 000 femmes enceintes conclut que l’exposition maternelle au chlordécone est associée à un sur risque de prématurité. Les habitants et les scientifiques sont de plus en plus nombreux à crier au scandale, et demandent une décontamination, qui est malheureusement difficile. En janvier 2018, la députée de Martinique, Josette Manin, a interpellé le gouvernement sur l’impact du chlordécone sur les populations antillaises. Mais Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a affirmé le caractère protecteur des seuils, fixés au niveau européen, concernant uniquement les produits carnés et indique que les contaminations sont « majoritairement liées aux circuits informels ». Par ailleurs, Agnès Buzyn a confirmé le plein engagement du gouvernement dans le plan chlordécone 3 et a conclu que ses services réalisaient « des études et des contrôles sanitaires pour assurer l’innocuité des aliments ».
Eau du robinet
Toutefois, le problème du chlordécone refait régulièrement surface. Récemment, des résidus du pesticide ont été retrouvés dans l'eau du robinet des habitants de la commune de Gourbeyre, en Guadeloupe, entre le entre le 16 avril et le 27 mai. Selon les médias locaux, le procureur de Basse-Terre s'est saisi de cette affaire de pollution, qui pourrait venir de filtres à charbons trop vieux sur le réseau de distribution, et dont le changement relevait de la compétence de la communauté d'agglomération. En attendant, la collectivité procède à de la distribution d'eau en bouteille. Le chlordécone n'a malheureusement pas fini de faire parler de lui.
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