Le pharmacien face au traumatisme psychique.

Publié le 17/12/2015
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Après les attentats perpétrés en France en novembre, de nombreux patients ont exprimé leur malaise à leur pharmacien. Face à ce traumatisme psychique, le pharmacien fait de son mieux mais se reconnaît souvent désemparé, parce que non préparé et non formé. Le point avec Axelle Trépied, psychologue clinicienne au sein de l’association AVIMEJ (association pour l’aide aux victimes et la médiation judiciaire) de Seine-et-Marne.

LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- A l’officine, quelle attitude adopter face aux patients en détresse psychologique suite à un attentat terroriste, comme celui vécu le 13 novembre ?

AXELLE TRÉPIED.- L’accueil est essentiel et nécessite de pouvoir recevoir le patient dans un espace confidentiel, afin de le préserver et de privilégier une écoute attentive. Si besoin, le patient peut être orienté vers le 08victimes, qui est le numéro national d’aide aux victimes de traumatismes (0 842 846 37). Le pharmacien peut également l’orienter vers des services de soins adaptés tels que proposés dans les associations d’aide aux victimes.

À qui s’adressent ces associations et où les trouve-on ?

Ces associations interviennent dans différentes situations traumatisantes comme les attentats, les catastrophes naturelles, les accidents ou les agressions. Elles s’adressent aux victimes d’une infraction pénale, à leurs proches ou aux témoins. Suite aux attentats récents, elles accueillent également les personnes qui se sentent bouleversées, chez lesquelles ces événements ont réveillé des blessures. Il y a au moins une association par département. Elles font partie du réseau Inavem (réseau national de l’aide aux victimes). Les services proposés, dont l’entretien avec un psychologue, sont confidentiels et gratuits.

Y a-t-il des termes à employer ou au contraire, à ne pas utiliser face à une personne traumatisée ?

Il est important que le pharmacien rassure, en disant à son patient que ce qu’il ressent est normal et fréquent dans ce contexte. En règle générale, il ne faut ni banaliser, ni survictimiser. Banaliser en disant que « ce n’est pas grave » ou essayer de relativiser en disant que « ça aurait pu être pire », que « c’est un miracle d’être encore en vie » risque de renforcer le traumatisme. Enfin, il est important de prendre du recul par rapport à son propre vécu. Plus on parle de soi, moins il y a de place pour que l’autre puisse s’exprimer.

Comment le pharmacien peut-il se préparer à la gestion du traumatisme à l’officine ?

Les associations d’aide aux victimes proposent des formations sur la victimologie, le traumatisme psychique, l’accompagnement ou encore le travail d’orientation ou de soin. Ces formations sont ouvertes aux professionnels de santé.

Propos recueillis par D. P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3226