LE THÈME de la contraception est revenu sur le devant de la scène la semaine dernière, avec le lancement du « pass contraception » en Ile-de-France le 26 avril et l’annonce par le ministre de la Santé le 27 avril d’une baisse de 15 % du prix des pilules contraceptives de deuxième génération. Dans ce domaine, quel rôle le pharmacien peut-il jouer ?
Pour Françoise Tourmen, médecin et vice-présidente de l’association française pour la contraception (AFC), « le pharmacien a une grande responsabilité en contraception, puisque toutes les prescriptions passent entre ses mains, ainsi que la délivrance de la contraception d’urgence. Malheureusement, il n’est pas identifié comme un interlocuteur dans ce domaine », regrette-t-elle. Afin d’y remédier, elle préconise avant tout aux pharmaciens de se former, à la contraception, mais aussi à l’accueil et à la sexualité des adolescents. « Les pharmaciens sont souvent mal à l’aise vis-à-vis de l’entretien qu’ils doivent mener avec les mineurs qui viennent réclamer une contraception d’urgence », observe Françoise Tourmen, qui répond aux questions des officinaux sur le forum de l’association Croix verte et ruban rouge. « La bonne attitude avec les ados est difficile à trouver, cela demande du travail », reconnaît-elle. Pour familiariser les officinaux avec l’accueil de ce public particulier, elle plaide pour des formations autour d’ateliers pratiques, ou par e-learning, mais aussi pour une meilleure prise en charge de ces formations « pas toujours reconnues comme prioritaires ». Elle rappelle également que le Cespharm met gratuitement à la disposition des officinaux des documents à remettre aux patients, notamment sur la contraception d’urgence.
Sécuriser la délivrance
Par ailleurs, dans le cadre du renouvellement des contraceptifs oraux, Françoise Tourmen insiste sur la responsabilité confiée au pharmacien : « Pour sécuriser la délivrance, il doit vérifier, grâce au dossier pharmaceutique, qu’aucune interaction médicamenteuse nouvelle n’est apparue, ni aucune nouvelle contre-indication absolue ou relative ». Elle recommande également d’indiquer sur l’ordonnance « qu’une délivrance a été réalisée, dans le cadre de l’article de loi sur le renouvellement des six mois », afin de garantir que ce renouvellement reste exceptionnel.
Cependant, elle estime que le rôle du pharmacien en contraception ne s’arrête pas là, et qu’il peut dispenser des conseils à chaque renouvellement ou primo-délivrance de contraceptifs : montrer la plaquette de pilule, expliquer le sens de la prise, rappeler quelques règles d’observance et la conduite à tenir en cas d’oubli, ou encore montrer des objets factices comme un dispositif intra-utérin, un anneau vaginal etc. Françoise Tourmen plaide même pour un véritable entretien pharmaceutique sur la contraception, rémunéré et accompagné d’un échange interprofessionnel pour expliquer au médecin ce qui a été réalisé à l’officine. « Si les pharmaciens souhaitent s’investir dans la contraception, je pense qu’ils peuvent vraiment y jouer un rôle crucial », conclut-elle.
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