CHAQUE ANNÉE, une personne sur trois de 65 ans et plus tombe au moins une fois ; 9 % des chutes conduisent à une consultation aux urgences et 5 à 6 % sont compliquées d’une fracture. C’est dire si la prévention des chutes est devenue un objectif de santé publique, d’autant que la population des personnes âgées est en expansion.
« La vitamine D a un effet direct sur la force musculaire, effet modulé par des récepteurs spécifiques à la vitamine D présents sur les tissus musculaires humains, expliquent H. A. Bishoff-Ferrari et coll. La myopathie provoquée par un déficit sévère en vitamine D se manifeste par une faiblesse musculaire et des douleurs, mais elle est réversible sous supplémentation en vitamine D. »
Dans plusieurs essais conduits chez des personnes âgées à risque de déficit en vitamine D, la supplémentation en cette vitamine améliore la force musculaire, la fonction musculaire et l’équilibre, de façon dose-dépendante. De plus, ces bénéfices se traduisent par une réduction des chutes. Cela dit, les résultats ont été mitigés en ce qui concerne la prévention des chutes, plusieurs essais ayant donné des résultats non significatifs. Ce qui peut être expliqué en partie par l’utilisation de faibles doses de vitamine D, comme l’a suggéré en 2004 une métaanalyse de trois essais ; autres hypothèses : le libre accès à la vitamine D dans le groupe contrôle, la réalisation d’essais en ouvert...
L’important, c’est la dose.
Depuis 2004, de nombreux essais ont été conduits. Il est apparu important de préciser la dose de vitamine D capable de prévenir les chutes. Notamment, il faut définir les seuils optimaux de 25(OH)D requis pour prévenir les chutes chez la personne âgée. Deux études épidémiologiques ont montré, chez la personne âgée, une relation dose-réponse entre les fonctions des membres inférieurs et les concentrations de 25(OH)D ; une des deux études a montré un seuil de 50 nmol/l pour une fonction optimale.
Par ailleurs, il a été suggéré qu’à la fois les formes actives de vitamine et la forme standard sont efficaces dans la prévention de chutes, mais aucune comparaison n’a été effectuée. Les formes actives ont l’intérêt de ne pas nécessiter d’hydroxylation au niveau du rein ; leur effet sur les chutes devrait donc être moins influencé par le déclin, lié à l’âge, de la fonction rénale. Cela dit, ces formes actives coûtent plus cher et sont associées à un risque majoré d’hypercalcémie par rapport à la vitamine D standard.
La nouvelle métaanalyse dont il est ici question avait pour objectif d’évaluer l’efficacité d’une supplémentation en vitamine D, avec ou sans calcium, pour la prévention des chutes, en fonction de la dose et du taux de 25(OH)D. De plus, étaient comparées, en terme d’efficacité, des formes actives et des formes standard.
Ont été inclus dans cette méta-analyse 8 essais randomisés contrôlés, comportant 2 426 sujets de 65 ans et plus, prenant depuis plus de trois mois une supplémentation en vitamine D3 (cholécalciférol), vitamine D2 (ergocalciférol) ou en une forme active de vitamine D, que ce
soit le 1 alpha(OH)D ou le 1,25(diOH)D. On a observé une hétérogénéité entre les essais en ce qui concerne, premièrement, la dose de vitamine D (700-
1 000 UI/j versus 200-600 UI/j), et deuxièmement, la concentration de 25(OH)D (< 60 nmol/l ou› ou = 60 nmol/l).
Réduction de 19 % du risque de chute.
Résultats : des doses élevées de vitamine D réduisent le risque de chute de 19 % (risque relatif ou RR : 0,81) ; des taux de 25(OH)D de 60 nmol/l ou plus réduisent le risque de chute de 23 % (RR : 0,77).
En revanche, les chutes n’étaient pas réduites par des doses faibles (RR : 1) et pour des concentrations inférieures à 60 nmol/l (RR : 1,35). Enfin, en ce qui concerne les formes actives de vitamine D (deux essais concernés), la réduction des chutes est de 23 %.
« Une supplémentation en vitamine D à des doses de 700 à
1 000 UI/j réduit le risque de chute chez la personne âgée de 19 %, avec un niveau semblable entre les formes standard et les formes actives. Des doses de moins de 700 UI/j et des concentrations de 25(OH)D de moins de 60 nmol/l pourraient ne pas réduire le risque de chute », concluent les auteurs.
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