LA PRÉVALENCE de l’obésité et de la surcharge pondérale chez les enfants a considérablement augmenté au cours des 30 dernières années. Puisque l’obésité dans l’enfance prédit une mortalité accrue, principalement due au risque majoré de maladies cardio-vasculaires, il est prévu que l’épidémie d’obésité infantile devrait inverser la tendance actuelle de la baisse de mortalité cardio-vasculaire et raccourcir l’espérance de vie des enfants d’aujourd’hui.
Toutefois, on ne sait pas bien si l’obésité infantile majore de façon permanente le risque cardio-vasculaire, ou si ce risque est atténué chez ceux qui, obèses durant l’enfance, ont normalisé leur poids à l’âge adulte.
Afin de répondre à cette question, un consortium international dirigé par le Dr Markus Juonala (université de Turku, en Finlande) a analysé les données de quatre cohortes prospectives d’enfants qui ont été suivis en moyenne pendant 23 ans (une cohorte de Finlande, deux cohortes des États-Unis et une cohorte d’Australie).
Quatre groupes selon l’adiposité.
L’étude porte sur 6 328 sujets ; 12,2 % étaient obèses ou en surpoids durant l’enfance (2,3 % d’obèses). Ils ont été classés en quatre groupes selon leur adiposité, de l’enfance à l’âge adulte.
Le groupe 1 (n = 4 742) comprend les sujets ayant un indice de masse corporelle (IMC) normal dans l’enfance et sans obésité à l’âge adulte.
Le groupe 2 (n = 274) comprend ceux en surpoids ou obèses dans l’enfance, mais non obèses à l’âge adulte.
Le groupe 3 (n = 500) comprend les sujets en surpoids ou obèses dans l’enfance et obèses à l’âge adulte.
Le groupe 4 (n = 812) comprend les sujets ayant un IMC normal dans l’enfance et obèses à l’âge adulte.
Sans grande surprise, l’étude montre que les sujets qui conservent une adiposité élevée de l’enfance à l’âge adulte (groupe 3), comparés aux sujets ayant un IMC normal dans l’enfance et non obèses à l’âge adulte (groupe 1), ont 5 fois plus de risque de déclarer un diabète de type 2 (RR = 5,4), deux fois plus de risque de déclarer une hypertension (RR = 2,7), et 70 % plus de risque d’athérosclérose coronarienne (RR = 1,7). Ils ont également plus de risque d’avoir des taux élevés de cholestérol LDL (RR = 1,8) et de triglycérides (RR = 3), ainsi que des taux réduits de cholestérol HDL (RR = 2).
À l’inverse, et c’est le résultat majeur de l’étude, chez les sujets en surpoids ou obèses durant l’enfance mais sans obésité à l’âge adulte (groupe 2), tous ces risques rejoignent ceux des sujets qui n’ont jamais été obèses (groupe 1).
Aucun lien de causalité ne peut être établi.
Comme le notent les auteurs, l’étude a plusieurs limitations. Il s’agit d’une étude d’observation (sans tentative de prévention ou de réduction du poids) avec des possibilités de biais, par conséquent aucun lien de causalité ne peut être établi. Il existe des différences dans l’acquisition des données entre les quatre cohortes. Enfin, la plupart des participants de l’étude étaient caucasiens, ce qui ne permet pas de généraliser les résultats à d’autres groupes ethniques.
Toutefois, « en considérant les études d’intervention de perte de poids chez les enfants, qui ont montré un lien entre cette perte de poids et la baisse des facteurs de risque cardio-vasculaires », note dans un éditorial le Dr Albert Rochini, pédiatre à l’université du Michigan (Ann Arbor, États-Unis), « je pense que le résultat majeur de l’étude de Juonala et coll. est valide. À savoir, que l’obésité dans l’enfance n’augmente pas de façon permanente le risque cardio-vasculaire si elle est traitée avec succès ».
Il remarque que, dans l’étude, seulement 15 % des enfants de poids normal sont devenus obèses à l’âge adulte, tandis que 65 % de ceux en surpoids et 82 % des enfants obèses sont restés obèses à l’âge adulte. Par conséquent, il préconise de cibler les interventions de prévention et de traitement de l’obésité vers les enfants à haut risque de devenir obèses, plutôt que vers toute la population des enfants.
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