LE SECRET d’un sevrage réussi tient avant tout dans l’adaptation optimale du dosage au profil du fumeur et sur une durée de traitement suffisante. Il réside également dans la maîtrise des envies irrépressibles de fumer, avec un soutien thérapeutique et psychologique dès le début de la tentative d’arrêt. « L’objectif est d’arrêter à son rythme, le bilan de l’arrêt doit être positif et passe par un réapprentissage de la lutte antitabac. Il faut trouver une autre façon d’avoir du plaisir et de stimuler les catécholamines avec des substances autres que les drogues, rappelle le Dr Marion Adler, tabacologue à l’hôpital Antoine Béclère (Clamart). Il n’y a pas de danger à continuer de fumer avec des patchs, ni d’associer plusieurs patchs et/ou des formes orales de substituts nicotiniques. La tabacologie de demain est d’optimiser la prise en charge de la dépendance par une approche personnalisée. » Ainsi, le tabagisme chez la femme enceinte est l’exemple même d’une prise en charge insuffisante et mal encadrée. Près de 35 % des femmes enceintes fument en début de grossesse, et si les effets nocifs du tabagisme maternel sont largement documentés (fausse couche, accouchement prématuré, hypotrophie néonatale, mort subite du nourrisson), ces risques restent peu précis pour de nombreuses parturientes. Il est primordial que l’information soit renforcée par un discours non culpabilisant, mais aussi par une prise en charge spécifique et globale de la future maman, incluant son entourage et son cadre de vie.
« Chez la femme enceinte, le recours à des substituts de tout type (patch, gomme, pastille ou inhaleur), est possible, et ne pas accompagner une femme enceinte vers un sevrage tabagique relève d’une non-assistance à personne en danger », dénonce la tabacologue. Plus de 15 % des enfants à naître sont pollués par la fumée du tabac pendant toute la grossesse car leur mère n’a pas été correctement prise en charge pour son tabagisme. « L’élimination de la nicotine est accrue chez les femmes enceintes et les doses doivent d’emblée être augmentées, précise Jacques Le Houezec, neuropsychopharmacologiste. La politique d’aide au sevrage tabagique doit se poursuivre à la maternité, le traitement peut être continué après l’accouchement et il n’y a pas de danger à allaiter avec des substituts. » Tout comme les femmes enceintes, les jeunes doivent avoir accès à une prise en charge personnalisée et globale de la dépendance tabagique, d’autant plus que, chez eux, le tabagisme régulier est souvent lié aux consommations d’alcool et de cannabis. Pour eux aussi, le duo gagnant associe patch et forme orale.
Cigarette électronique : bénéfice ou intox ?
Depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics, les e-cigarettes se sont développées en tant qu’alternative à la cigarette classique, dont elles ont la même apparence. Ce produit est vendu dans de nombreux pays en dehors de toute réglementation, ni autorisé ni interdit, et les tabacologues sont sans arrêt sollicités à propos de la cigarette électronique ; ils ne demandent pas son interdiction mais veulent que son statut soit clairement défini par les autorités de santé, et qu’elle fasse l’objet d’études de la part des fabricants pour la positionner, soit comme un produit du tabac, soit comme un produit d’aide à l’arrêt, qui revendique un statut bénéfique pour la santé. Des études suggèrent que les e-cigarettes aident les fumeurs à cesser de fumer et que, même si elles peuvent induire une dépendance, leur utilisation comporte moins d’effets nocifs que le tabac. À ce jour, aucune cigarette électronique n’a reçu d’AMM en tant que médicament et, en France, elles ne peuvent en aucun cas être vendues en pharmacie. En l’absence de données sur le rapport bénéfice/risque, l’ANSM préconise de ne pas consommer ces produits, mais, malgré ces recommandations, les ventes explosent, et trois quarts des 12-15 ans déclarent les avoir essayées, alors qu’ils n’ont jamais consommé de cigarettes classiques.
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