L’E3N EST une vaste cohorte prospective destinée à étudier l’impact des traitements hormonaux et des facteurs environnementaux sur la santé des femmes ; depuis 1990, elle a fait participer 98 995 femmes à un questionnaire de santé qui leur ait adressé tous les 2 ans.
Pour valider l’hypothèse d’une augmentation de cholécystectomie évoquée dans les études anglaises et américaines chez les femmes ménopausées substituées, le Dr Antoine Racine et coll. (Inserm, Le Kremlin-Bicêtre) a analysé les données de 70 928 femmes suivies entre 1992 et 2008. Les femmes renseignaient elles-mêmes la nature des traitements hormonaux qu’elles prenaient (ou pas), la date de début, les changements éventuels. Pour valider les données, trois échantillons ont été constitués : 100?femmes rapportant une cholécystectomie, 100 femmes avec une lithiase biliaire non opérée et 50?femmes n’ayant rien déclaré. Un questionnaire détaillé de la procédure chirurgicale leur était adressé. La concordance entre l’autodéclaration et les antécédents de cholécystectomie était excellente, de 99 %.
Pour l’analyse statistique, le modèle était systématiquement ajusté sur les facteurs de risque connus de lithiase biliaire : indice de masse corporelle, parité, hypercholestérolémie ou diabète et sur le niveau d’éducation scolaire. D’autres facteurs pouvant fausser les résultats ont été examinés comme le niveau d’éducation physique, l’utilisation de contraceptifs oraux, le type de ménopause (artificielle ou naturelle), l’âge de la première grossesse, les antécédents d’ hystérectomie.
Les auteurs ont calculé le taux indicent de cholécystectomie selon les différents schémas de traitement hormonal substitutif, le risque absolu (référence) étant attribué aux femmes qui n’avaient jamais reçu de traitement hormonal postménopausique.
Résultats.
Les données concernent 70 928 femmes, suivies 11,5 ans en moyenne, soit un suivi de 819 889 personnes années. Durant la période d’observation, 64,8 % des femmes ont utilisé un THS dont la majorité par voie transdermique. Comparativement aux femmes qui n’avaient pris aucun THS, le risque supplémentaire de cholécystectomie était de 10 % chez celles qui étaient traitées (HR : 1, 10 h 1,01-1,20). Lorsque l’analyse porte uniquement sur les estrogènes oraux, l’augmentation du risque est de 16 % (HR 1,16 : 1,06-1,27). Le risque est plus élevé pour la voie orale par rapport à la voie transdermique (p=0,03) et avec les estrogènes seuls par rapport aux œstroprogestatifs (p=0,03). Dans une seconde analyse n’incluant que les femmes ayant pris un seul type de THS (25 654,55,8 %) quel qu’il soit, le risque augmente à 83 % pour les œstrogènes oraux seuls (HR : 1,83, 95 %, 1,18-2,86). Selon les auteurs, le risque de choécystectomie pourrait être ajouté à la liste des effets secondaires d’un THS, puisque tous les 5 ans 1 cholescystectomie sera réalisée en excès pour 150?femmes substituées par œstrogènes oraux seuls.
Dans un éditorial associé, Bette Liu (Sydney, Australie) rappelle que dorénavant toutes les études penchent en faveur d’un moindre risque avec les estrogènes transdermiques, les plus prescrits en France. Elle estime que le profil bénéfice risque penche nettement en leur faveur, ce qui pourrait faire changer les habitudes canadiennes qui sont de prescrire des formes orales.
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