LES RÉSULTATS de l’étude WHI et le choc qu’ils ont suscité ont radicalement freiné la prescription du THM. Ils n’ont toutefois pas inhibé toute réflexion sur ce traitement qui a fait l’objet de plusieurs études au cours de ces dix dernières années. Des études dites de « revisitation » de WHI ont souligné l’importance sur le plan cardiovasculaire de l’âge du traitement et l’existence de fenêtres d’intervention favorables avant 60 ans (1). L’étude française E3N (2) a mis en lumière le rôle joué par le progestatif utilisé dans la survenue d’un cancer du sein et notamment le moindre danger de la progestérone et de la dydrogestérone par rapport aux autres progestatifs.
En 2010, l’étude Esther (3) a témoigné de l’impact du mode d’administration des estrogènes, voie orale ou cutanée, sur la survenue de maladies veineuses thromboemboliques. Très récemment, les résultats de l’étude KEEPS (Kronos Early Estrogen Prevention Study) ont été présentés au dernier congrès de la North American menopause society (4). Cette étude randomisée en double aveugle contre placebo a inclus 727 femmes, âgées en moyenne de 52 ans (63 dans la WHI), ménopausées depuis moins de trois ans, sans antécédents cardio-vasculaire, qui ont été réparties en trois groupes : un groupe recevant un estrogène conjugué équin (Premarin) à la posologie de 0,45 mg/j (0,65 mg/j dans l’étude WHI), un groupe traité avec un patch d’estradiol percutané dosé à 50 µg/j (Climara) et un troisième groupe recevant un placebo. Dans les deux premiers groupes le traitement estrogénique était associé à 200 mg de progestérone micronisée (Utrogestan) douze jours par mois. Quatre-vingts pour cent des femmes ont suivi ce traitement durant les quatre années de l’étude et 64 % l’ont poursuivi au-delà. Le traitement par estrogènes a tout naturellement eu un impact bénéfique, comparé au placebo, sur les symptômes de la ménopause, les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes, la sexualité et la densité minérale osseuse.
Carotides, PA, lipides.
La progression de l’athérosclérose, surveillée par la recherche de dépôts calciques dans les carotides par examen aux ultrasons a été similaire dans les trois groupes tout au long des quatre ans de l’étude. Le traitement estrogénique, que ce soit par voie orale ou transdermique, n’a pas eu d’incidence sur la pression artérielle systolique ou diastolique. Le traitement estrogénique par voie orale a été associé à une augmentation du HDL cholestérol et une diminution du LDL cholestérol avec toutefois une augmentation des triglycérides. Les estrogènes par voie percutanée n’ont pas eu d’effet sur ces biomarqueurs. Aucune différence statistiquement significative n’a été observée entre les trois groupes concernant le nombre de cancers du sein, de cancers de l’endomètre, d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux qui était extrêmement faible dans les trois groupes.
Enfin, une étude danoise publiée en octobre 2012 (5) a inclus plus de 1 000 femmes âgées en moyenne de 50 ans, ménopausées depuis au moins sept mois, réparties en deux groupes : un groupe traité qui recevait soit le Trisequens (estradiol oral + noréthistérone), soit un estradiol oral seul (2 mg) en cas d’hystérectomie et un groupe contrôle sans traitement. Le suivi de ces femmes, pendant dix ans pour la notification des effets secondaires et pendant plus de seize ans pour celle des décès, des maladies cardio-vasculaires et des cancers, montre que les femmes traitées ont un risque significativement moindre de mortalité, de maladies cardio-vasculaires, sans augmentation du risque de cancer, de maladies veineuses thromboemboliques et d’accidents vasculaires cérébraux.
(2) Fournier A et al Menopause 2011.
(3) Olié V et al Curr Op Hemat 2010.
(4) www. menopause.org.
(5) Schierbeck L.L. et al BMJ 2012
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