SAISONNIER ne veut pas forcément dire routinier. Car les saisons se succèdent sans pour autant se ressembler. C’est du moins ce que l’on constate sur le marché des produits OTC ciblant les maux de la gorge. Habituellement stables, les ventes du rayon ont en effet marqué une légère baisse cette année. En cause, le pic des pathologies ORL qui est resté relativement bas et qui s’est, en outre, manifesté assez tard, au mois de janvier, là où l’industrie pharmaceutique communique dès la rentrée scolaire sur la prise en charge des premiers symptômes liés aux maux de l’hiver. L’épidémie de grippe A (H1N1) et la peur qu’elle a engendrée pourrait, selon certains, avoir conduit la population a une plus grande vigilance sur le plan sanitaire, induisant ainsi une baisse des infections.
La régression du marché, cela dit, est légère, n’excédant pas les 4 % pour un volume total de 38 millions d’unités vendues et une valeur équivalant à 192 millions d’euros. Très éclectique en matière de galéniques, le rayon est dominé à hauteur de 65 % (en valeur) par les formes ambulatoires, pastilles à sucer, comprimés et gommes. Composé dans une large mesure par des marques grand public, le segment se trouve – en toute logique - majoritairement exposé devant le comptoir. Une situation relativement récente (décret du 1er juillet 2008) dont les effets immédiats sont moins spectaculaires que prévus. Les conséquences du libre accès semblent ainsi se traduire plutôt en termes de tendances. Dans ce schéma, les marques grand public misent un peu plus sur la communication dans les médias – surtout les spots télévisés - pour s’adresser directement à leur cible. Les packagings des produits s’en ressentent, avec des codes couleurs et des typographies plus impactants. Parallèlement, les marques conseil se concentrent sur le point de vente en essayant de développer les formations et les événements à l’officine. L’effort en termes de communication et de relation au réseau de distribution n’exclut cependant pas le travail de recherche sur les formes des références qui composent l’offre OTC.
Place aux anciens.
Généralement constituée d’un antiseptique seul ou associé à un anesthésique, la formule des produits OTC pour les maux de gorge vise à traiter (traitement d’appoint) les douleurs peu intenses et sans fièvre associée, une indication qui s’étend dans certains cas aux petites plaies de la bouche. « C’est un marché très segmenté et mâture où la place est chère et les nouveaux acteurs doivent être ingénieux et innovants ! », remarque Paul Fabre, chef produits développement ORL pour les laboratoires Pierre Fabre Santé. « Nos produits sont très techniques et leurs spécificités reposent sur des exigences pharmaceutiques rigoureuses. L’innovation sur ce marché se fait sur des aspects de praticité et de sécurité dans le but d’améliorer le bon usage des produits par les patients. » Pour la marque Drill, ce sont les caractéristiques organoleptiques des pastilles – favorisant la bonne libération des principes actifs – qui sont travaillées tout autant que l’aspect, la forme et le goût. Dernier né de la gamme, l’arôme sureau-litchi (sans sucre) vient s’ajouter aux 6 références Drill préexistantes (Drill, Drill sans sucre, citron menthe, miel rosat, anis menthe sans sucre, pamplemousse sans sucre).
Un large choix que l’on trouve également sous la marque Strepsils (Reckitt Benckiser Healthcare France) qui s’incarne sous deux formes, les pastilles (Strepsils, Strepsils Lidocaïne) et le collutoire (Strepsilspray Lidocaïne). Autres marques bien implantées sur ce segment, Codotussyl Maux de gorge (Genévrier) et Maxilase (sirop et comprimés de sanofi-aventis) dont le principe actif à visée anti-inflammatoire cible les états congestifs de l’oropharynx. Du même laboratoire, Solutricine, pour sa part, présente deux formules, l’une fondée sur un antibactérien (Solutricine Biclotymol), l’autre sur un anesthésique local (Solutricine Tétracaïne). Humex (Urgo) distingue les maux de gorge (collutoire et pastilles orange, miel citron, menthe, fruits rouge) des irritations (Humex Gorge Irritée Lidocaïne), tandis que Valda (pastilles et pâtes à sucer) et Pulmoll (tous deux chez GSK Santé Grand Public) visent précisément les irritations de la gorge. Lysopaïne (Boehringer Ingelheim), en revanche, cible les maux de gorge et revendique un format de tube capable de couvrir un traitement entier (36 comprimés). Également autorisé à une exposition en libre accès, le médicament est secondé par le traitement Lysopadol qui répond à un positionnement différent : sa formule, basée sur un anesthésique à effet anti-inflammatoire, se destine au traitement des maux de gorge douloureux - une indication proche de celle de Strefen (Reckitt Benckiser Healthcare France) qui lutte contre l’inflammation et la douleur. Sur un marché où encore un produit sur cinq est vendu sur prescription, la caution médicale demeure importante. « C’est le levier qu’a choisi d’exploiter Lysopadol pour bâtir sa croissance », explique Benjamin Leport, chef de groupe Boehringer Ingelheim, qui en profite aussi pour rappeler l’importance que revêt le conseil pour le rayon OTC des maux de gorge : « le conseil du pharmacien reste le premier levier d’achat sur la catégorie. »
La demande impulsée par la communication grand public est l’autre moteur principal du marché. Une tendance que devrait nourrir la vente en libre accès, avec comme conséquence possible la guerre des prix. « Passer devant le comptoir donne accès au prix directement mais, comme chacun le sait, il existe dans ce domaine des disparités d’une pharmacie à l’autre », confie un laboratoire.
Formes en forme.
Second segment du marché par ordre décroissant, les collutoires et autres sprays occupent 25 % du rayon des produits OTC pour les maux de gorge. Plus modestes en volume de vente que leurs homologues à caractère ambulatoire, ces formes retiennent l’attention de certains fabricants comme Bouchara Recordati (collutoire Hexaspray qui coexiste avec les comprimés Hexalyse pour maux de gorge) ou Pfizer (Thiovalone). Parmi eux, Cooper qui considère son médicament Colludol (antiseptique et anesthésique) comme un fer de lance : « Ce collutoire convient particulièrement bien au traitement des maux de gorge car il est conçu pour agir localement , explique le chef de produit, Laurent Simon. Cette forme bénéficie d’un positionnement plus médical que celles du segment ambulatoire. Elle repose donc plus sur le conseil du pharmacien et correspond pleinement à son cœur de métier. » Une certitude qui n’a pas empêché le laboratoire de développer un ensemble de réponses aux problématiques de la gorge, pastilles à sucer Cantalène, pâtes Vocadys et suppositoires Pholcones. « Les suppositoires sont une autre des formes particulièrement performantes pour traiter ces pathologies car ils véhiculent efficacement les actifs. » Ce qui explique sans doute que ce tout petit segment affiche une belle stabilité.
Modeste aussi est la part occupée par la phytothérapie dans l’arsenal des prises en charge qu’offre le marché des pathologies ORL. Une raison de plus, peut être, pour Arkopharma de vouloir développer ce créneau qui, selon lui, représente une alternative efficace et naturelle aux solutions allopathiques. Dans ce sens, le laboratoire a conçu les pastilles Activox (miel-citron, menthe-eucalytpus) pour soulager les maux de gorge et enrouements passagers. Un spray vient compléter la gamme qui coexiste avec les pastilles ArkoRoyal Propolis et vitamine C répondant à la problématique des gorges irritées. Mais c’est une autre référence appartenant, cette fois, au marché des compléments alimentaires qui fait l’actualité du laboratoire. Arkopharma lance en effet une pastille à cœur liquide dans la gamme Activox : formulée à base d’échinacée aux propriétés adoucissantes pour la gorge, elle renferme en son cœur un trio d’huiles essentielles (menthe, menthe poivrée, eucalyptus) conçu pour dégager les voies respiratoires. « Nous voulions proposer une alternative à l’offre OTC en développant un produit capable d’allier la douceur d’une pastille et l’efficacité d’un cœur actif, précise t-on au sein du laboratoire. C’est aussi une démarche qui répond à un besoin de dynamiser le marché. »
Le versant homéopathique du marché dispose aussi de ses propres spécialités vouées aux pathologies de la gorge : les comprimés Homéogène 9 (Boiron) sont indiqués en cas de maux de gorge et enrouement passager alors que Voxpax (Lehning) cible les enrouements et extinctions de voix. En matière d’aromathérapie, enfin, on découvre le nouveau Spray Gorge de Phytosun arôms dont la formule associe miel, extrait de propolis et huiles essentielles de thym, d’eucalyptus et de citron.
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