Selon l’étude américaine BEAT Obesity parue dans « Radiology », l’embolisation bariatrique apparaît comme une nouvelle option thérapeutique prometteuse pour les patients obèses. « Notre étude montre que l’embolisation bariatrique est bien tolérée et conduit à une suppression de l’appétit et à une perte de poids cliniquement significative jusqu’à un an », indique au « Quotidien » Clifford Weiss, radiologue interventionnel et premier auteur de l’étude.
L’embolisation bariatrique est une technique d’imagerie interventionnelle mini-invasive récente qui consiste à introduire des microsphères de 300 à 500 μm dans l’artère gastrique. La présence de ces microbilles entraîne une diminution du flux sanguin, elle-même à l’origine d’une réduction de la production des hormones de l’appétit (dont la ghréline), et ce sans altérer les tissus. « Ces microsphères sont permanentes, elles restent où elles sont sur le long terme », précise le radiologue. À ce jour, l’embolisation bariatrique n’est réalisée que dans le cadre d’essais cliniques. Selon Clifford Weiss, « seule une centaine de cas ont été rapportés dans la littérature ».
De nombreux paramètres améliorés
Les données de sécurité et le protocole de l'essai BEAT Obesity ont été publiés en 2017 dans « Radiology ». Cette première étape avait montré la faisabilité de la procédure sur cinq patients. Dans cette nouvelle phase, 20 patients provenant de deux centres et âgés de 27 à 68 ans ont été inclus entre juin 2014 et février 2018 (16 femmes et 4 hommes), avec un indice de masse corporelle moyen de 45 (obésité sévère).
L’embolisation a été effectuée avec succès chez tous les patients. Seuls des événements indésirables mineurs ont été rapportés chez huit patients, tels que des ulcérations superficielles de la muqueuse, résolues dans les 3 mois. La perte de poids moyenne était de 8,2 % à un mois, de 11,5 % à 3 mois, de 12,8 % à 6 mois et de 11,5 % à 12 mois.
L’embolisation bariatrique a également eu un effet bénéfique sur d’autres paramètres. Elle a ainsi entraîné notamment une diminution de la faim, une augmentation de la satiété, une diminution du cholestérol total et une amélioration de la qualité de vie. Les résultats confirment par ailleurs l’innocuité de la procédure.
« Nous avons également évalué les modifications hormonales liées à l’appétit chez les patients. Nous nous préparons à en publier les résultats prochainement », annonce le radiologue.
Des études comparatives nécessaires
« Cet essai a été réalisé par des équipes multidisciplinaires intégrant des radiologues interventionnels, des diététiciens, des gastro-entérologues, des chirurgiens et des thérapeutes du comportement qui ont prodigué des soins complets à ces patients », tient à noter Clifford Weiss.
Pour participer à l’étude, les patients devaient avoir un IMC supérieur à 40, ne pas peser plus de 400 livres (soit 181 kg) et ne pas présenter de comorbidité. Toutefois, « à ce stade, nous ne savons pas exactement quelle population de patients bénéficierait le plus de cette procédure. Cela devra être étudié dans de futurs essais », souligne Clifford Weiss.
« Bien que ces résultats soient très intéressants, l’embolisation bariatrique est toujours expérimentale et son efficacité n’a pas encore été prouvée par rapport à des groupes témoins ou placebo », poursuit-il. Des études comparatives et sur le long terme sont ainsi nécessaires pour confirmer l’intérêt de cette procédure.
« J’espère sincèrement que l’embolisation bariatrique deviendra partie intégrante de notre ensemble d’outils pour aider à traiter les patients obèses », conclut le radiologue, pour qui l’embolisation bariatrique « a un avenir prometteur en tant qu’outil pour une approche plus personnalisée du traitement de l’obésité ».
(1) C. R. Weiss et al., Radiology, doi.org/10.1148/radiol.2019182354, 2019.
(2) C. R. Weiss et al., Radiology, doi.org/10.1148/radiol.2016160914, 2019.
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