« LA CIRCULATION du virus s’est intensifiée en début d’année 2010 avec plus de 3 000 cas entre janvier et août et un pic d’incidence observé en avril », signale l’InVS. L’épidémie de rougeole, qui sévit en France depuis 2008, a touché au moins 5 000 personnes. Entre le 1er janvier 2008 et le 31 août 2010, 5 221 cas de rougeole ont été déclarés et « plusieurs éléments restent en faveur d’une sous-estimation de l’incidence actuelle », précise l’institut. Une incidence en augmentation : de 0,95 pour 100 000 en 2008 (604 cas) et de 2,5 pour 100 000 en 2009 (1 544 cas), elle a déjà atteint les 4,84 pour 100 000 au cours des premiers mois de l’année 2010. Lors du pic observé en avril, plus de 600 cas ont été observés. Depuis, le nombre de cas mensuels est en baisse, avec pour le mois de septembre moins de 100 cas déclarés.
La proportion des cas hospitalisés augmente depuis 2008 : 18 % en 2008 (110), 27 % en 2009 (422) et 34 % en 2010 (879). Cette proportion élevée s’explique par un taux de déclaration potentiellement plus important pour les cas hospitalisés que pour les autres et par une incidence en augmentation chez les nourrissons de moins de 1 an et les jeunes adultes, chez qui les complications neurologiques et pulmonaires sont plus fréquentes et plus sévères. La majorité (63 %) des 299 hospitalisés avec complications était âgée de 20 ans et plus. Parmi les complications les plus sévères, ont été rapportés 4?encéphalites, un syndrome méningé et 197 pneumopathies. Deux décès sont survenus chez deux jeunes âgés de 19 et 22 ans avec des facteurs de comorbidité. Depuis le début de l’épidémie, 4 décès ont été enregistrés en France (2 en 2009, dont une fillette de 12 ans, et 2 en 2010).
Une CV insuffisante.
La circulation du virus touche l’ensemble du territoire métropolitain avec, dans certains départements, un taux d’incidence rapporté à la population générale supérieur à 15 cas pour 100 000 habitants, correspondant à des situations de cas groupés. Plusieurs épisodes de foyers épidémiques ont concerné des crèches, des collectivités scolaires, des étudiants, ainsi que des gens du voyage au début de l’année 2010. Les départements de l’Aveyron (20,7 cas pour 100 000), des Pyrénées-Orientales (21,3), de la Vienne (23,6) et de l’Ariège (33,3) sont particulièrement touchés.
Dans la plupart des cas, les malades n’étaient pas vaccinés (82 %). L’InVS rappelle que « la diffusion du virus est la conséquence d’un niveau insuffisant et hétérogène de la couverture vaccinale (CV) en France, l’accumulation progressive de sujets non immunisés conduisant à des poches de sujets réceptifs au virus ». L’épidémie actuelle en France « doit conduire à renforcer les activités de vaccination contre la rougeole des jeunes enfants (dès 9 mois s’ils sont gardés en collectivité), ainsi que celles visant au rattrapage vaccinal des enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu’à l’âge de 30 ans, tel que le recommande le calendrier vaccinal », poursuit l’institut. De plus, le signalement sans délai des cas suspects aux autorités sanitaires est indispensable à la « mise en œuvre des recommandations spécifiques de vaccination autour d’un cas ou de cas groupés pour prévenir la diffusion du virus, notamment auprès des personnes à risque de rougeole grave (nourrissons, sujets immunodéprimés ...) ».
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