Aux États-Unis, en 15 ans (entre 1991 et 2006), plus de 617 000 hospitalisations ont été recensées en lien avec trois bactéries pathogènes couramment retrouvées dans les canalisations d’eau (soit environ 40 00 cas par an), et 1 à 2 % de ces infections se sont avérées antibiorésistantes.
Telle est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs de la Tuft University (Massachusetts), qui a analysé 100 millions de dossiers d'assurance-maladie d'Américains de plus de 65 ans (Medicare). L’étude a été publiée le 12 septembre dans le « Journal of Public Health Policy ».
Plus inquiétant : le nombre des hospitalisations contractées via le réseau d’eau potable semble s’accélérer ces dernières années, sans doute en raison de la vétusté et du manque de contrôle des canalisations. En effet, durant la dernière décennie, les autorités sanitaires américaines ont rapporté une augmentation des maladies opportunistes en lien avec ces bactéries pathogènes. Aujourd’hui, on compterait plus de 80 000 cas par an, et le coût de ces hospitalisations excéderait désormais 2 milliards de dollars chaque année, contre 600 millions par an dans les années 1991-2006.
Trio bactérien
Les trois bactéries opportunistes qui ont été recherchées dans le cadre de l’étude sont Legionella pneumophila, responsable de la légionellose, Mycobacterium avium et Pseudomonas aeruginosa, qui peuvent être toutes deux à l’origine d'infections graves au niveau respiratoire, systémique ou localisé, surtout dans les populations vulnérables, comme les personnes âgées ou les personnes immunodéprimées. « Ces bactéries pathogènes peuvent être trouvées dans l’eau de boisson, les douches, les bains à remous, sur les instruments médicaux, dans la cuisine, dans les piscines… partout où l'eau publique est utilisée », explique, le Pr Elena Naumova, auteur principal de l’étude. Elles se développent dans des conditions pauvres en nutriments et colonisent les surfaces internes des tuyaux en formant des biofilms. Les biofilms permettent aux micro-organismes de résister aux désinfectants, et contribuent à la propagation de l'antibiorésistance. Les auteurs considèrent que les canalisations vieillissantes pourraient devenir de nouveaux foyers de résistance aux antibiotiques : « Le vieillissement des systèmes de tuyauterie augmente sûrement leur capacité de contamination et l'antibiorésistance. »
Les auteurs rappellent que la crise sanitaire de Flint (Michigan, États-Unis) liée la contamination de l’eau potable a mis en évidence les problèmes liés à l’eau potable aux États-Unis. Rappelons que la municipalité, par souci d’économie, avait renoncé à acheter son eau à la ville de Detroit et décidé de la puiser dans la rivière Flint. Mais l’eau de la rivière Flint, qui n’a pas subi les traitements appropriés, a entraîné la corrosion des canalisations vieillissantes du système de distribution, qui contiennent du plomb. De ce fait, des enfants ont été exposés à des niveaux élevés de plomb dans les eaux du robinet, et une épidémie de légionellose s’est déclarée : entre juin 2015 et janvier 2016, 87 légionelloses ont été rapportées par les autorités sanitaires locales, dont 10 ont été fatales.
Malheureusement, depuis cet événement tragique, la situation sanitaire n’a guère évolué en ce qui concerne la qualité du système de distribution de l’eau. Les canalisations ne sont pas plus entretenues, les tests de contrôle de l’eau ne sont pas réalisés en routine. Toutefois, l’eau du robinet reste potable aux États-Unis. « Mais elle est clairement plus potable si vous êtes en bonne santé que si vous avec une maladie qui accroît votre susceptibilité aux infections », souligne le Pr Jeffrey Griffiths, co-auteur de l'étude.
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