Les conclusions d'une analyse réalisée à l’Institut Curie plaident en faveur d’une réévaluation des doses de certains anticancéreux, qui seraient trop souvent sous-estimées en raison d'une surestimation des effets indésirables rapportés lors des essais de phase 1.
Comme on le sait, la réponse à la chimiothérapie anticancéreuse est dose-dépendante. Or l’analyse de 51 essais de phase 1, dont les résultats ont été publiés le 8 mai dans le « New England Journal of Medicine », conclut que, dans de nombreux cas, les doses préconisées sont très probablement en deçà de ce qu’elles pourraient être en raison d’une surestimation des effets indésirables rapportés.
Les essais de phase 1 sont très importants. Ils permettent de s’assurer que les données concernant la toxicité obtenues lors du développement pré-clinique (chez l’animal), sont comparables à celles obtenues chez l'homme, ce qui permet de déterminer - grâce à une « escalade de doses » - quelle est la dose maximale du médicament en développement tolérée chez l'homme ; tolérance mesurée en fonction d’un certain nombre de grades de gravité.
Le travail dont il s’agit, mené sous la direction du Pr Christophe Le Tourneau (unité d’investigation clinique du département d’essais cliniques précoces de l’Institut Curie, Paris) a analysé 51 essais menés contre placebo en double aveugle. Il montre que les toxicités graves avaient été surévaluées d’environ 30 %, tandis que les toxicités peu graves avaient, quant à elles, été surévaluées de près de 65 % ! Les auteurs de cette publication soulignent qu’on peut penser que la conjugaison de ces deux phénomènes a abouti « à commercialiser des médicaments à des doses trop faibles, et donc potentiellement moins efficaces ».
À l’inverse de la situation habituelle où les essais de phase 1 sont menés chez des sujets sains, ceux réalisés dans le domaine oncologique le sont chez des patients atteints de cancer, et très souvent à un stade avancé, ce qui pourrait expliquer les distorsions ainsi mises en évidence. Les symptômes et/ou anomalies biologiques imputés au produit seraient en fait liés à la maladie elle-même, ou encore aux autres médicaments administrés conjointement, comme les antalgiques par exemple, ou d’autres types de médicaments de support.
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