LE PRÉSIDENT du groupe ISA France (association internationale pour les édulcorants), Hugues Pitre, regrette « les attaques récurrentes et la désinformation dont l’aspartame fait l’objet depuis de nombreuses années alors que le consensus scientifique est très clair, comme en témoigne, en 2011, la confirmation de son innocuité, même sur les personnes les plus fragiles, par les Agences de sécurité française (ANSES) et européenne (EFSA) ». Pour le Pr Marc Fantino (CHU de Dijon), au regard des évaluations et multiples réévaluations (plus de 600 études scientifiques rigoureuses menées comme pour les médicaments), réalisées depuis 30 ans, « l’aspartame ne présente pas de risques actuellement identifiés pour la santé des consommateurs, à condition de respecter la dose journalière admissible (DJA) ». Cette DJA établie pour l’aspartame est de 40 mg/kg/j en Europe et à l’international, aux États-Unis, elle est de 50 mg/kg/j. Des doses qui ne sont jamais atteintes par un individu de 60 kg. Elles correspondraient à une prise quotidienne, tout au long de sa vie ,de 295 comprimés d’édulcorants de table ou à 20 cannettes de boisson contenant cet édulcorant.
Enquête sur les comportements.
Une enquête du CRÉDOC sur les comportements et consommations alimentaires en France, menée en 2010 sur un échantillon représentatif de 2 560 personnes, montre que la consommation en France d’aspartame est faible : seulement 19 % des Français consomment au moins une fois par semaine des produits contenant de l’aspartame et, parmi ces consommateurs d’aspartame, le niveau moyen de consommation est 40 fois inférieur à la DJA, soit 2,4 % de la DJA. Dans cette enquête, le plus grand consommateur n’atteignait que 35 % de la DJA.
Les dernières polémiques concernant l’aspartame viennent de deux études, l’une italienne (Morando Soffritti, Institut Ramazzini) et l’autre, hollandaise (Halldorson et coll.). La première rapporte une augmentation de l’incidence de cancer chez la souris mâle après administration de très fortes doses d’aspartame dans l’alimentation tout au long de la vie ; la seconde réalisée chez près de 60 000 femmes enceintes, suggérait un risque d’accouchements prématurés.
Après avoir estimé que ces deux nouvelles études sur l’aspartame n’apportaient pas de base scientifique pour une réévaluation toxicologique, l’Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA) et l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) ont, à la demande de la Commission européenne, décidé de procéder à de nouvelles évaluations. Les associations comme le Réseau environnement santé et Générations futures les appelaient de leurs vœux. Elles demandaient également que des règles de prudence soient rapidement prises, en particulier pour les femmes enceintes.
Les résultats de l’évaluation de l’EFSA sont prévus pour 2012. À la suite d’un appel à données et à publications, l’autorité européenne a reçu plusieurs centaines de contributions qui vont être soumises à discussion et analyse. De son côté, l’ANSES a mis en place un groupe de travail chargé d’étudier le rapport « bénéfices-risques nutritionnels » afin d’élaborer d’éventuelles recommandations pour les populations sensibles telles que les femmes enceintes et les enfants.
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