Incontinence

Les dermites sous-estimées

Publié le 13/02/2014
Article réservé aux abonnés
Encore mal reconnues, les dermites liées à l’incontinence sont volontiers confondues avec les escarres débutantes.

La peau normale assure une fonction de barrière surtout par le biais de la couche superficielle de l’épiderme, le stratum corneum, dont le pH est compris en 5,4 et 5,9 et dont l’intégrité est assurée par l’équilibre de la flore commensale. L’excès d’humidité découlant de l’incontinence altère cette barrière, ce qui conduit à des dermites souvent confondues avec les stades précoces de l’escarre, qui peut d’ailleurs être associée.

Ces dermites concerneraient 83 % des patients en unités de soins intensifs, 50 % des sujets incontinents fécaux suivis en ville et 7 % des incontinents en EHPAD. Les lésions sont d’un aspect vernissé, rouge, parfois squameux, localisées aux convexités (fesses, scrotum, racines des cuisses). Elles se compliquent dans 70 % des cas d’une surinfection mycosique, source d’une éruption érythémateuse, pustuleuse à bords émiettés au niveau des plis. L’évolution sans traitement se fait vers un aspect érosif classique associé à des lésions dues aux pansements ; les dermites sont parfois étendues et hémorragiques, prurigineuses et lichénifiées. Elles doivent être distinguées des escarres, principal diagnostic différentiel où la lésion survient en regard d’une proéminence osseuse, et des traumatismes liés aux pansements ou aux frictions. « Des outils d’aide au diagnostic sont disponibles sur internet », a précisé le Dr Sylvie Meaume (1). La prise en charge se fonde sur le lavage à l’eau, le savon étant utilisé uniquement en cas présence de selles, et sur le recours à des protecteurs cutanés servant de barrière de substitution. « Les produits spécifiques, crèmes et lingettes enrichies en vitamine B5, trolamine et oxyde de zinc notamment et les films protecteurs sont préférés aux pâtes à l’eau, dont l’opacité gêne la surveillance », a rapporté le Dr Meaume. « La prévention est essentielle – il existe des échelles de risque – et il importe d’augmenter la fréquence des changes en cas de diarrhée par exemple ».

D’après la communication du Dr Sylvie Meaume, Paris.

(1) http://www.puclas.ugent.be/puclas/e/


Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3068