YAOURTS, sodas, confiseries, faudra-t-il renoncer à ces petites gourmandises superflues que les édulcorants étaient censés nous autoriser sans arrière-pensée ?
C’est ce que laisse présager une étude israélienne publiée dans « Nature » qui invite à la prudence et donne du grain à moudre aux détracteurs du 0 %. Dans une série d’expériences chez la souris et une petite chez 7 sujets sains, l’équipe dirigée par le Dr Eran Elinav au Weizmann Institute of Science suggère que les édulcorants favorisent l’émergence d’une intolérance au glucose en modifiant la flore intestinale. Loin de lutter contre l’obésité, les agents sucrants artificiels pourraient à l’inverse y contribuer.
Sur une période d’une dizaine de semaines, des chercheurs ont administré à des souris minces adultes de l’eau sucrée avec l’un des 3 édulcorants les plus répandus, aspartame, saccharine ou sucralose. L’équipe a constaté que ces rongeurs développaient une intolérance au glucose par rapport à d’autres abreuvés par de l’eau pure et même de l’eau sucrée. Les résultats se sont confirmés en testant différents modèles murins et différentes doses d’édulcorant.
Des antibiotiques qui régulent la glycémie.
L’équipe a voulu vérifier l’hypothèse de la flore intestinale. Après traitement antibiotique et éradication complète de la flore naturelle, l’intolérance au glucose induite par les édulcorants a complètement disparu. De plus, une transplantation fécale d’une souris nourrie avec des édulcorants vers une souris saine s’est traduite par la transmission complète du trouble métabolique. L’équipe a même constaté qu’une flore mise en culture in vitro avec des édulcorants était suffisante pour reproduire l’intolérance au glucose, une fois reensemencée chez des souris saines. L’analyse de ce microbiote a révélé des profonds changements de l’équilibre bactérien, avec l’apparition de nouvelles fonctions précédemment incriminées dans la survenue d’obésité et de diabète, à la fois chez la souris et l’homme.
Pour vérifier ces observations chez l’homme, l’équipe a d’abord utilisé les données d’une de leurs études, appelée Personalized Nutrition Project, l’une des plus grandes études sur le lien entre nutrition et microbiote. Les chercheurs ont alors découvert une association significative entre la consommation auto-rapportée d’édulcorants, la composition individuelle de la flore et la susceptibilité à l’intolérance au glucose.
Chez sept volontaires.
Enfin, dans une petite étude chez sept volontaires sains ne consommant pas habituellement d’édulcorants, l’équipe a constaté que certains d’entre eux - mais pas tous - présentaient déjà des signes d’intolérance au glucose après une semaine de consommation. Selon eux, la raison de ces différences entre les individus tiendrait à leur flore, puisqu’ils ont découvert une corrélation avec deux types de flore, l’une favorisant le trouble glycémique en présence d’édulcorants, l’autre non. Compte tenu du très faible effectif, ces intéressants résultats appellent d’autres études plus larges chez l’homme.
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