La mortalité par cancer du poumon a augmenté de 71 % chez les femmes, alors qu’elle a diminué de 15 % chez les hommes entre 2000 et 2014, selon le « Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire » (BEH) du 30 octobre, qui se consacre au tabagisme à l’occasion du lancement de la 3e édition du « Mois sans tabac » le 1er novembre.
Au final, en 2014, environ 31 400 décès par cancer du poumon (22 500 chez les hommes et 8 800 chez les femmes) ont été comptabilisés. Cette augmentation chez les femmes est inquiétante : « le cancer du poumon est en passe de devenir la première cause de mortalité chez la femme, devant le cancer du sein », s’alarme Agnès Buzyn, ministre de la Santé.
Outre le cancer, entre 2000 et 2015, le taux de mortalité par BPCO a également augmenté de 3 % chez les femmes alors qu’il a diminué chez les hommes de 21 %. En 2014, on comptabilisait ainsi 5 400 décès induits par une BPCO chez les hommes et 3 000 chez les femmes.
Par ailleurs, les hospitalisations pour BPCO et cancer du poumon ont également explosé chez les femmes ces derrières années. En revanche, en ce qui concerne les infarctus du myocarde, qui peuvent également être liés au tabagisme, la situation est plus contrastée : la mortalité par infarctus du myocarde est restée orientée à la baisse chez les hommes comme chez les femmes entre 2000 et 2015.
Un lien avec le tabagisme
Selon le BEH, la hausse du tabagisme chez les femmes est en partie à l’origine des augmentations de morbi-mortalité observées. En effet, la prévalence du tabagisme chez les femmes ne cesse de croître depuis les années soixante-dix et tend à se rapprocher de celle observée chez les hommes : en 2017, 24 % des femmes de 15 à 75 ans fumaient quotidiennement pour 30 % chez les hommes.
À ce jour, « la morbi-mortalité due au cancer du poumon et à la BPCO reste moins importante chez les femmes que chez les hommes. Mais la dynamique d’évolution de ces pathologies est extrêmement préoccupante chez les femmes », insiste Valérie Olié (Santé publique France), dans un article du BEH du 30 octobre. Notamment la situation est particulièrement inquiétante pour les femmes entre 45 et 64 ans. Dans cette tranche la prévalence du tabagisme est la plus importante, et surtout, elle ne baisse pas, contrairement à toutes les autres tranches d’âge.
Enfin, en ce qui concerne la grossesse, on peut se féliciter que 9 femmes sur 10 modifient leur consommation de tabac durant cet épisode de la vie (46 % arrêtent de fumer avant le 3e trimestre et 45 % ont réduit leur consommation de tabac). En revanche, 82 % d’entre elles reprennent leur consommation rapidement après l’accouchement. « Cette occasion manquée d’arrêt définitif souligne l’importance de soutenir les femmes dans le sevrage, même après la grossesse », évoquent les auteurs.
Face à ce constat, faut-il pour autant mettre en place une communication spécifique en direction des femmes ? Par exemple, en s’inspirant de la Californie, qui a mené une campagne très efficace sur les méfaits du tabac sur la peau et les rides ? « Si on peut répondre par l’affirmative pour les femmes enceintes, il ne semble pas nécessaire de faire une distinction homme/femme dans le dispositif grand public visant à inciter les fumeurs à s’arrêter », analyse François Bourdillon. En revanche, une fois le fumeur entré dans une démarche d'arrêt, « l’accompagnement vers l’arrêt pourrait comporter des spécificités en fonction du sexe, dont les contours restent à déterminer », précise-t-il.
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