L’ANNÉE 2010 ne sera pas celle de l’éradication de la rougeole en Europe. Plusieurs épidémies ont été signalées (Bulgarie, Espagne, Irlande, Allemagne) et la France est l’un des pays de plus forte incidence. Le bilan provisoire réalisé par l’Institut de veille sanitaire (InVS) pour 2010, arrêté au 14 avril, recense déjà 659 cas. L’épidémie, qui sévit depuis 2008 (604 cas, contre une quarantaine en 2006 et 2007) s’est intensifiée en 2009 (1 525 cas) et la tendance semble s’accélérer en 2010.
Près de 10 % des cas déclarés cette année sont âgés de moins de 1 an et près de 40 % ont 20 ans ou plus, « alors que les complications neurologiques ou pulmonaires notamment, sont plus fréquentes et sévères dans ces groupes d’âge », souligne l’InVS. Plus d’un tiers des cas déclarés (38 contre 28 % en 2009) ont été hospitalisés (250 personnes), une proportion qui atteint 57 % (50 % en 2009) chez les sujets âgés de 20 ans et plus.
Dès 9 mois en collectivité.
« Cette situation souligne le niveau d’immunité insuffisant des jeunes adultes », explique l’Institut. De même, les femmes enceintes réceptives au virus constituent une population à risque. Et elles ne confèrent pas de protection à leurs nourrissons (absence d’anticorps maternels), qui sont exposés à des risques de formes graves de rougeole.
De telles données doivent « conduire à renforcer les activités de vaccination contre la rougeole des jeunes enfants (dès 9 mois pour les enfants gardés en collectivité), ainsi que celles visant au rattrapage des enfants, adolescents et jeunes adultes jusqu’à 30 ans, tel que le recommande le calendrier vaccinal ».
La diffusion du virus est la conséquence du niveau insuffisant de la couverture vaccinale et de l’accumulation progressive de sujets non immunisés, conduisant à des poches de sujets réceptifs. Malgré une amélioration, la couverture reste inférieure aux 95 % fixés par le plan d’élimination mis en place en 2005. Surtout, elle est hétérogène.
Depuis janvier, plusieurs foyers épidémiques ont été recensés dans les crèches (2 épisodes à Belle-Île-en-Mer et dans les Landes), chez les gens du voyage (plusieurs départements de la région Centre, la Vienne, la Loire-Atlantique, le Nord et certains départements d’Île-de-France). Plusieurs épisodes de cas groupés ont été décrits parmi des étudiants (Angers, Limoges, Île-de-France) et plusieurs cas de transmissions nosocomiales ont été rapportés parmi des professionnels de santé (accueil des urgences, pédiatrie).
L’InVS met en garde contre la sous-déclaration, due à la méconnaissance par certains cliniciens et biologistes de l’importance de signaler sans délai des cas suspectés cliniquement ou confirmés biologiquement à la DDASS : « Même si des actions de sensibilisation à la déclaration obligatoire ont été conduites auprès des professionnels de santé, il a été montré, lors de l’investigation de cas groupés, que les chiffres de déclaration obligatoire sous-estimaient l’incidence réelle et il est probable que tous les cas groupés ne sont pas connus. » Et il prévient : plusieurs rassemblements de gens du voyage sont prévus au mois de mai qui « pourraient être propices à la diffusion du virus en l’absence d’actions préventives ».
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Françoise Amouroux
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