LA VITAMINE D en effet, à l’inverse des vitamines A, B ou C, est synthétisée par la peau sous l’influence des rayons ultraviolets B. Une petite part seulement est fournie par l’alimentation, poissons gras surtout. Quelle qu’en soit la source, son métabolite actif est impliqué dans une multitude d’opérations… et chaque jour voit son lot (de 8 à 10) de publications dédiées dans des revues scientifiques à la valeur incontestée. Ces études en évaluent les effets sur différents organes (os, système immunitaire, etc.) et dans différentes pathologies (cancer, sclérose en plaques, diabète de type 1, etc.).
Des taux planchers.
Ce dont on est sûr aujourd’hui, c’est que pour que l’organisme fonctionne correctement, le taux sanguin de 25(OH)D, métabolite actif de la vitamine D et reflet de la quantité de vitamine D circulante, doit être compris entre 20 et 30 ng/ml, à doser non pas systématiquement mais si la situation clinique le justifie. Un seuil qui a été déterminé en fonction des études d’intervention sur l’os surtout, le risque fracturaire étant diminué pour des taux de vitamine D de 30 ng/ml.
Or les Français sont manifestement carencés : 50 % sont en dessous de 20 ng/ml, de 70 à 80 % en dessous de 30. Pour atteindre le seuil le plus conservateur (20 ng/ml), il faudrait absorber de 800 à 1 000 UI de vitamine D par jour, de 1 200 à 1 500 UI pour se hisser à un 30 ng/ml, loin des 400 UI prônés par l’ANSES.
Des cibles inaccessibles dans la mesure où les apports moyens sont à peine du 10e, de 100 UI/j.
« Pour les autres effets, extra-osseux, en dépit du très grand nombre d’études relationnelles et faute d’études randomisées, interventionnelles, suffisantes, observe le rapporteur, le Pr Bernard Salle, une valeur plancher, à 20 ng/ml, peut être retenue. Des taux à moins de 20 ng/ml étant associés à de multiples désordres cliniques. »
Mode d’administration.
Comme il n’est pas question de prescrire à des adultes a priori sains 24?gouttes quotidiennes de vitamine D, la dose conseillée pour atteindre les 30 ng/ml de 25(OH)D est de 45 000 UI par mois ; et en attendant la mise sur le marché de cette forme à ce dosage (la demi-vie de la vitamine D est de 3 semaines environ), les auteurs du rapport suggèrent une dose trimestrielle de 100 000 UI en une ampoule telle qu’elle devrait être systématiquement proposée aux adolescents au décours de l’hiver.
L’objectif des 30 ng/ml doit être visé si le risque d’ostéoporose, par exemple, est patent, de principe avant un éventuel traitement par les bisphosphonates qui, sinon, sont moins efficaces. Il convient certes de corriger un déficit en vitamine D, mais aussi une carence calcique si elle est avérée (par l’alimentation en première intention), le rôle premier de la vitamine D étant de faciliter l’absorption intestinale de calcium…
Situations particulières.
« Les besoins en calcium de l’enfant prépubère ont d’ailleurs été récemment réévalués à la hausse, 1 200 mg/j, signale le Pr Jean-François Duhamel, pédiatre au CHU de Rouen. Et la supplémentation en vitamine D doit être réalisée en tenant compte du poids (la vitamine D est liposoluble) et du mode de vie (activité physique en particulier), une ampoule de 100 000 UI deux ou trois fois par an par exemple. »
Les insuffisants rénaux bénéficient de recommandations internationales, de supplémentation par une ampoule de vitamine D tous les mois, qui permet d’infléchir dans le bon sens l’évolution de la maladie. En ce qui concerne les femmes enceintes, les besoins sont augmentés et les apports en vitamine D notoirement insuffisants, alimentaires comme provenant de sa synthèse par les UVB. Ceux-ci, dont l’existence sur terre dépend de l’angle de notre planète avec le soleil, sont en effet absents six mois de l’année. « Nous nous exposons à un soleil efficace (pour synthétiser de la vitamine D) uniquement le temps des vacances, et encore, protégés par une crème solaire qui fait barrage aux UVB, met en garde le Pr Jean-Claude Souberbielle, endocrinologue à l’hôpital Necker (Paris). De plus, il ne reste plus rien de cette précieuse vitamine D après quelques semaines. » La supplémentation orale est alors préférée à une exposition solaire prolongée, facilitatrice de cancers cutanés.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques