L’arrivée des très chers Sovaldi (sofosbuvir) et Harvoni (sofosbuvir + ledipasvir) sur le marché, tous deux commercialisés par l’américain Gilead, ont été largement médiatisés. Jamais le grand public n’aura autant entendu parler de l’hépatite C et des solutions thérapeutiques existantes.
Jusqu’à ce que les premiers antiviraux à action directe apparaissent, l’hépatite C a été traitée par la combinaison d’interféron alfa et de ribavirine, pendant 24 à 48 semaines, avec un taux de guérison de 50 % chez les malades de génotype 1 ou 4, et de 80 % chez ceux de génotype 2 ou 3. Car l’interféron alfa n’est pas toujours bien toléré et certains malades ne peuvent aller au bout du traitement. Il est même contre-indiqué en cas de cirrhose du foie avancée ou d’insuffisance hépatique grave, pathologies souvent provoquées par le virus de l’hépatite C (VHC).
Les premiers AAD ont été proposés aux malades français en 2011. Au programme : 6 à 12 comprimés à prendre deux à quatre fois par jour pendant 12 à 48 semaines, pour un coût total variant selon la molécule, le nombre de comprimés quotidiens et la durée du traitement, de 27 000 à 159 000 euros.
Ces AAD, indiqués uniquement dans le génotype 1, devaient obligatoirement être associés à l’interféron alfa et la ribavirine. Ils ne souffrent pas la comparaison avec les derniers AAD. Sovaldi, comme Harvoni, ne nécessite la prise que d’un comprimé par jour pour un traitement de 12 semaines. Coût de la cure : 41 000 euros pour le premier, 48 000 euros pour le second. Taux d’efficacité : 90 %.
Sovaldi doit lui aussi être associé à l’interféron alfa et la ribavirine dans la plupart des cas. La posologie exacte dépend du génotype et des co-infections possibles. Parmi les tout derniers arrivants de la classe des AAD, certains peuvent se passer de l’association à l’interféron alfa et la ribavirine mais doivent alors être associés à… Sovaldi.
Co-infections
Ombre au tableau : les interactions possibles de ces AAD avec d’autres médicaments, mais aussi des compléments alimentaires et des spécialités de phytothérapie. Dans une étude allemande, parue fin 2015 dans la revue médicale « Clinical Infectious Disease », sur une cohorte de 261 patients mono-infectés par le VHC, les auteurs constatent que les malades sous sofosbuvir (Sovaldi)/ribavirine (Rebetol) présentent un moindre risque d’interaction médicamenteuse (9,6 %) que ceux sous ombitasvir/paritaprevir/ritonavir (Viekirax) avec ou sans dasabuvir (Exviera) (66,3 %).
Le risque est de 31,4 % chez les patients traités par sofosbuvir (Sovaldi)/simeprevir (Olysio), de 36,8 % chez ceux prenant sofosbuvir (Sovaldi)/dataclasvir (Daklinza), de 40,2 % pour les patients sous sofosbuvir/ledipasvir (Harvoni), de 53,6 % sous Incivo (télaprévir) et de 55,2 % avec Victrelis (bocéprévir).
En particulier les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), les hormones de la thyroïde et les dérivés de dihydropyridine, sont les plus à même de présenter des interactions avec les antiviraux. Les notices se montrent d’ailleurs extrêmement prudentes. Ainsi, le Sovaldi ne doit pas être utilisé avec certains antiépileptiques (carbamazépine, oxcarbazépine, phénytoïne), le modafinil (narcolepsie), les antiarythmiques (amiodarone)… et toute plante médicinale, en particulier le millepertuis (Hypericum perforatum) ou ses ingrédients actifs hyperforine et hypéricine.
Le millepertuis est à proscrire avec tout AAD. En cas de transplantation, et donc d’utilisation d’immunosuppresseurs, les auteurs rappellent que Victrelis, Incivo et Viekirax sont contre-indiqués avec la ciclosporine, le tacrolimus, le sirolimus et l’evérolimus, au risque d’obtenir un rejet du greffon, voire le décès du patient.
La question particulière des interactions entre les AAD du VHC et les antirétroviraux du VIH, co-infections courantes, a été abordée par le rapport Dhumeaux de 2014. Les connaissances sur le sujet sont régulièrement actualisées par l’Association française pour l’étude du foie concernant les molécules qui peuvent être associées, sous quelles conditions et celles dont l’association est déconseillée, voire contre-indiquée.
Enfin, une étude de 2013 parue dans le « British Medical Journal Gastroenterology » fait le point sur les (nombreuses) interactions entre les traitements du VHC et les médicaments psychotropes. Les auteurs recommandent par exemple aux patients sous AAD d’éviter duloxétine, nefazodone et millepertuis (encore), contre-indiquent la carbamazépine et ne recommandent pas la lamotrigine.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques