Les chercheurs de la division des maladies infectieuses de l’école de médecine de l’université de Caroline du Nord ont créé un modèle humanisé de souris uniquement myéloïdes, et donc dépourvues de lymphocytes T. Après avoir été infectées par le VIH, les souris ont reçu une trithérapie antirétrovirale pendant 5 semaines.
Une charge virale indétectable a été obtenue chez l’ensemble des souris traitées. Après arrêt des ARV, les chercheurs n’ont constaté aucun rebond viral chez deux tiers des souris infectées (soit six sur neuf). Des analyses des tissus ont aussi montré l’absence d’ADN ou ARN viral dans les macrophages Mais chez le dernier tiers des souris, un rebond viral est observé sept semaines après l’arrêt du traitement, ce qui concorde avec une infection persistante dans les macrophages tissulaires.
Un rôle majeur des macrophages dans l’infection
La présence du VIH dans les macrophages chez ce modèle animal suggère que ces derniers sont contaminés directement, et non pas par l’intermédiaire d’une l’ingestion de lymphocytes T CD4. Les macrophages constituent donc, en eux-mêmes, une cible du VIH et peuvent transmettre l’infection.
C’est la première fois qu’il est démontré que les macrophages tissulaires peuvent être infectés directement, et qu’ils répondent à un traitement ARV, mais surtout qu’ils peuvent rester porteurs de l’infection en dépit des ARV, et ce en l’absence de cellules T, cible majeure de l’infection.
Malgré des années de prise d’antirétroviraux, le VIH persiste chez l’hôte et n’est jamais éradiqué. L’une des barrières majeures à cette éradication est que le virus infecte plusieurs lignées cellulaires qui peuvent chacune contribuer à la persistance du virus. Le rôle spécifique des macrophages n’avait jusqu’ici pas été établi dans cette persistance du virus. La découverte de ce réservoir viral supplémentaire a des implications significatives pour la recherche d’un traitement, avancent les auteurs. « Le fait que des macrophages infectés par le VIH puissent persister signifie que toute intervention thérapeutique visant à éradiquer le VIH devrait cibler deux types de cellules différentes », soulignent les auteurs.
Un rebond viral encore plus fréquent ?
L’équipe de chercheurs s’est aussi intéressée au nombre de macrophages infectés persistant pendant la trithérapie, en fonction de la durée de leur demi-vie. « Notre estimation est que la proportion de macrophages infectés devrait passer sous 1 % après une semaine de traitement, et sous 0,00001 % après les 5 semaines de traitement », indiquent les auteurs. Le rebond viral survenant 7 semaines plus tard parmi une minorité d’individus est cohérent avec l’existence d’une petite population de macrophages infectés persistant malgré les ARV, en particulier quand l’infection est massive avant le traitement. Les prochaines étapes seront de déterminer ce qui décide de la persistance (ou non) du VIH dans les macrophages et dans quels tissus les macrophages infectés se trouvent pendant la trithérapie.
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