Quelques définitions
Ergonomie : sous ce terme, on entend les moyens possibles pour adapter le travail à l’homme en vue de limiter les risques professionnels tout en garantissant le bon fonctionnement et la productivité de l’entreprise. L’ergonomie fait appel à un ensemble de connaissances d’ordre physiologique, psychologique, sociologique mais également d’ordre opérationnel et conceptuel.
DMST : la HAS (Haute Autorité de santé) a publié des recommandations aux médecins du travail visant à « améliorer la qualité des informations permettant d’évaluer le lien entre l’état de santé du travailleur et le poste et les conditions de travail actuels et antérieurs ». L’outil proposé est le DMST, dossier médical en santé au travail, dans lequel sont recueillies et conservées des informations socioadministratives, médicales et professionnelles.
Risques psychosociaux et stress : on regroupe sous le terme de risques psychosociaux les risques professionnels ayant des répercussions sur la santé physique ou mentale des salariés. Le stress est une des manifestations les plus connues. Selon le ministère du travail, plus d’un travailleur sur deux travaille dans l’urgence. Plus d’un travailleur sur trois reçoit des ordres ou des indications contradictoires, et déclare vivre des situations de tension dans leur rapport avec leurs collègues ou leur hiérarchie.
Troubles musculosquelettiques ou TMS : ce terme recouvre plusieurs maladies liées à l’activité professionnelle. Les causes sont des postures inadaptées, des efforts excessifs, et des gestes répétitifs. Les TMS touchent les tissus mous situés autour des articulations, c’est-à-dire les muscles, les tendons, les ligaments et les cartilages.
Les addictions : les addictions sont considérées comme des risques professionnels. Selon le ministère du travail, les addictions ont augmenté au cours des 40 dernières années, notamment les addictions à l’alcool, aux drogues et aux médicaments. Dans ce dernier cas, le pharmacien tient une place particulière pour garantir un meilleur usage du médicament et favoriser la prévention.
Un peu de physiopathologie
Troubles musculosquelettiques (TMS).
Qu’il s’agisse de la tendinite de la coiffe des rotateurs de l’épaule, de l’hygroma du genou (inflammation de la bourse séreuse) ou du syndrome du canal carpien, ces affections sont liées à l’activité professionnelle et notamment à certains gestes habituels et répétés. Ces derniers entraînent à terme une inflammation des tendons, une atteinte des ligaments ou des cartilages sollicités. Plus précisément, les causes peuvent être une mauvaise posture, un effort musculaire important, le froid ou encore des vibrations.
Les symptômes débutent généralement par une sensation d’irritation ou de fourmillement, une faiblesse et une fatigue musculaires s’accompagnant d’une douleur localisée de plus en plus intense.
Fatigue visuelle.
C’est un problème fréquemment rencontré chez les personnes qui travaillent devant un écran d’ordinateur. Cependant, l’écran ne crée pas les anomalies oculaires mais peut les révéler. Ces troubles visuels sont provoqués par des efforts d’accommodation de l’œil. Sensations d’irritation, de brûlures, de picotement, accompagnant un larmoiement ou au contraire, une sécheresse oculaire sont les symptômes principalement observés. Chez certains sujets, ces troubles évoluent en céphalées. Cette asthénie visuelle est souvent le signe d’une fatigue générale.
Troubles de l’audition et surdité.
L’intensité et la durée d’exposition au bruit sont deux paramètres à prendre en compte. Selon l’enquête SUMER, plus de 27 % des salariés sont exposés à des bruits excessifs, supérieurs à 85 décibels. On parle de surdité lorsque la perte d’audition est supérieure à 20 dB. On distingue alors la surdité légère, la surdité moyenne, la surdité sévère et la surdité profonde (perte supérieure à 90 dB). Le bruit entraîne une destruction de l’oreille interne, et plus précisément la destruction progressive des cellules ciliées de l’organe de Corti.
Les mots du conseil et les produits associés
Soulager les douleurs des TMS.
Les TMS doivent être pris en charge dans leur globalité. Soulager le symptôme est loin d’être suffisant. Il est donc important d’inviter le patient à consulter son médecin, voire le médecin du travail, afin de traiter l’affection et d’améliorer l’ergonomie du poste de travail. Le ministère du travail consacre d’ailleurs un site (www.info-tms.fr) aux TMS. Un questionnaire y est disponible, destiné à évaluer les risques de développer des TMS dans son travail (« Où en êtes-vous avec les TMS ? »). Acteur majeur de la prévention sanitaire, le pharmacien doit sensibiliser le patient à ce risque professionnel, aux complications et aux solutions qui existent.
Pour soulager la douleur, le conseil porte sur les antalgiques, le paracétamol, ou un anti-inflammatoire tel que l’ibuprofène (Tiburon, Advil), en administration orale ou pour application locale. En aromathérapie, on peut conseiller les huiles essentielles de gaulthérie wintergreen (feuille) et de romarin (sommité fleurie), utilisées pour leur propriété anti-inflammatoire. D’autres huiles essentielles décontracturantes peuvent être proposées, comme le pin sylvestre (aiguille), le pin maritime (résine) ou le cyprès (noix). La menthe poivrée (feuille), le giroflier (bouton floral) ou la lavande (fleur) sont antalgiques. La gamme Puressentiel propose également un stick pour application locale destiné aux articulations douloureuses. On notera également l’association girofle, acide salicylique et piment de Jamaïque dans le baume Aroma et l’association de salicylate d’amyle, de capsicum, de lévomenthol et de camphre dans le baume Saint Bernard. En phytothérapie, dans le cas de tendinopathies, le conseil porte sur l’harpagophytum et l’ortie. Rhus toxicodendron, en granules ou en pommade est le médicament homéopathique des inflammations articulaires et tendineuses, en particulier pour les personnes travaillant dans un environnement froid (agroalimentaire).
Soulager les jambes lourdes.
Le symptôme des jambes lourdes, pouvant évoluer vers une insuffisance veineuse chronique, peut être la conséquence d’un piétinement ou d’une station assise prolongée, directement liée à l’activité professionnelle. Les conseils sont d’ordre vestimentaire (éviter les pantalons trop serrés, les talons trop haut) et hygiénique (surélever les jambes en position allongée). Le port de dispositifs de contention de classe 1 ou 2 est recommandé. Il existe également de très nombreux médicaments de composition différente (Daflon, Gingkor, Diovenor). En phytothérapie, on peut conseiller l’hamamélis.
Stress, insomnie et fatigue nerveuse.
Le milieu professionnel est très souvent un lieu de stress. Celui-ci peut être ponctuel, en raison d’une charge de travail anormalement considérable, ou chronique, lié à une ambiance de travail difficile, à un management déplorable, à une culture d’entreprise basé sur le chiffre, voire une situation plus grave de type harcèlement, violence, licenciement. Si les solutions que peut proposer le pharmacien sont destinées à soulager un stress léger, une écoute attentive au comptoir peut éviter une évolution vers un état pathologique plus sérieux. Les médicaments du conseil sont majoritairement issus de la phytothérapie ou de l’homéopathie. On peut citer Euphytose (aubépine, valériane, passiflore et ballote), Spasmine, Tranquital (aubépine et valériane) et Plenesia (eschscholtzia et passiflore). Vagostabyl comprimé associe phytothérapie et oligothérapie (magnésium, aubépine, mélisse et lactate de calcium). Sédatif PC, en comprimé ou en granule, associe plusieurs souches homéopathiques (viburnum, chelidonium…). On peut également proposer Gelsemium. En aromathérapie, Puressentiel propose un stick antistress associant diverses huiles essentielles.
En cas d’insomnie, liée au stress ou à des horaires de travail décalés, Sériane sommeil est un complément alimentaire composé d’hydrolysat de protéines de lait et de mélisse. On peut également conseiller Cyclamax ou Donormyl.
Fatigue visuelle.
Devant une plainte de fatigue visuelle, il faut penser à traiter la fatigue générale. Le pharmacien peut inviter à consulter un ophtalmologiste et envisager une rééducation orthoptique. Celle-ci permettra de traiter l’insuffisance de convergence c’est-à-dire la difficulté à diriger les deux yeux vers le texte à la lecture.
Fatigue auditive.
À partir de 90 décibels, une protection est fortement recommandée. Les bouchons d’oreille vendus en pharmacie (Ear, Quies…) peuvent apporter une solution en atténuant le bruit. Mais attention à ne pas les porter de façon trop prolongée. Là encore, il faut penser à atténuer la fatigue générale physique et psychologique, causée par le bruit.
Fatigue vocale.
Le meilleur traitement est le repos. Pour les extinctions de voix ou les enrouements, l’homéopathie dispose de spécialités telles qu’Homéovox. On peut également conseiller des gargarismes d’une préparation à base de Phytolacca et de Calendula, pour leurs propriétés respectivement décongestionnante et cicatrisante. Les pastilles adoucissantes au miel, à l’érysimum (Euphon) ou à la guimauve peuvent soulager la douleur. Une consultation est recommandée si l’extinction de voix est récidivante ou se prolonge.
Crevasses et mains abîmées.
Certaines professions travaillant dans une zone froide, manipulant des produits tels que le ciment ou le plâtre, ou étant en contact avec l’eau et des produits détergents, ont les mains abîmées, sèches voire crevassées. Cicalfate est une crème réparatrice antibactérienne, à base de cuivre, de zinc et de sucralfate. En tube ou en pot, Bariederm a la propriété d’être une crème réparatrice et isolante. Son application est à conseiller le matin. Homéoplasmine (souci, phytolaque, acide borique, bryone et benjoin) est indiqué pour le traitement des dermites irritatives. Pour le traitement spécifique des crevasses, on peut conseiller la pommade Castor equi, ainsi que des granules de Graphites ou de Nitricum acidum.
Quelques autres situations.
Travail en courant d’air, dans le froid, ou en openspace, chaque situation peut entraîner des maux. Le conseil portera sur la prévention de l’asthénie, avec une cure de vitamines ou d’oligoéléments, et sur la stimulation des défenses immunitaires avec notamment les pré et probiotiques (Bion 3). Des sprays d’huiles essentielles permettent d’assainir l’air ambiant d’un bureau ou autre lieu (Pranarom Synergies).
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3 questions à…
Françoise Amouroux
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