LE CHOIX des associations thérapeutiques a évolué rapidement ces derniers mois au fil des résultats cliniques, des ATU et des AMM des nouvelles molécules. Mais aujourd’hui, la question n’est pas seulement de savoir avec quelle association traiter un patient en fonction de l’avancée de sa maladie hépatique, du génotype VHC, ou des traitements antérieurs, mais de savoir éradiquer l’hépatite C. La France est en avance par rapport aux autres pays européens car elle est la seule à disposer des sept molécules d’antiviraux d’action directe (AAD). C’est un avantage considérable car, en association, ils permettent d’obtenir en 12 semaines (parfois 24 semaines) une éradication virale chez plus de 90 à 95 % des patients, y compris chez les sujets en échec de traitement par interféron et ribavirine, chez les malades ayant une cirrhose ou présentant une récidive après transplantation.
Il devenait donc nécessaire d’élargir les indications pour prendre en charge le maximum de patients. « Ils sont environ 100 000 à 150 000 à attendre depuis des années le traitement qui leur permettra de guérir de cette maladie potentiellement mortelle, précise le Pr de Ledinghen, secrétaire général de l’AFEF. En 2014, nous avons traité et guéri en France 14 000 patients par ces nouvelles molécules, en 2015, ce seront sans doute plus de 15 000 patients qui en bénéficieront. Ainsi, d’ici peu, tous les malades au stade de cirrhose ou de fibrose avancé auront été traités, les autres devront progressivement en profiter. » Il est devenu inacceptable de se contenter de 80/90 % de guérison en 2015 selon l’AFEF, qui s’engage pour que l’hépatite C soit éradiquée à 100 % dans les dix ans à venir, soit en 2025. Certes, ces nouveaux traitements ont un coût élevé et pour réussir cet enjeu il faut établir un plan d’éradication. Les instances sanitaires ont défini les indications dans lesquelles ces nouveaux AAD sont remboursés, le rôle de l’AFEF étant de proposer une stratégie globale pour guider les praticiens qui prennent en charge ces malades.
Des indications élargies.
Les recommandations françaises publiées aujourd’hui par l’AFEF précisent les indications prioritaires de mise sous traitement, les parcours de soins et les modalités de suivi des patients guéris. Par rapport aux indications précédentes où les AAD étaient essentiellement réservés aux fibroses hépatiques sévères ou aux atteintes extra-hépatiques liées au VHC, l’AFEF préconise de traiter les patients dès le stade F2 de la fibrose, ceux infectés par un génotype 3 à risque évolutif plus marqué, ceux co-infectés VHC-VIH ou qui sont en attente de transplantation, les cas d’hépatite aiguë, mais aussi ceux qui souffrent d’une fatigue invalidante. « Le deuxième axe prioritaire de la prise en charge est de prévenir les contaminations qui entretiennent le virus, confirme le secrétaire général de l’association. Les usagers de drogues, les homosexuels avec pratiques sexuelles à risque, les patients incarcérés, les hémodialysés, les professionnels de santé et les femmes désirant être enceintes sont potentiellement des réservoirs à risque de transmission, même si pour certains le risque est faible. »
L’AFEF précise que l’interféron n’a plus sa place en première intention et ne devrait plus être prescrit que dans les rares cas d’échec thérapeutique sous traitement par AAD. L’association insiste également sur la nécessité de maintenir des budgets pour renforcer l’éducation thérapeutique (prévention des risques de réinfestation) et le suivi des patients guéris mais ayant une cirrhose en raison du risque résiduel d’un carcinome hépatocellulaire. La mise en place d’un dépistage ciblé en population générale permettrait d’éviter les évolutions vers la maladie chronique, limitant ainsi les nouveaux réservoirs. « Actuellement, les arguments économiques ne justifient pas de raccourcir la durée du traitement en dessous de 12 semaines avec le risque de voir apparaître des mutants très résistants, prévient fermement le Pr de Ledinghen, il n’y pas de pondération possible, ce serait faire prendre trop de risque au malade pour une baisse de coûts minime. »
Le ministère de la Santé et les laboratoires pharmaceutiques doivent continuer à travailler ensemble pour définir des prix qui permettent de traiter tous les patients. L’arrivée de plusieurs nouvelles molécules devrait contribuer à faire diminuer le coût des traitements.
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