La contraception offre aujourd'hui une large variété de solutions : les méthodes hormonales oestro-progestatives (pilules contraceptives, patchs et anneaux contraceptifs), les méthodes hormonales progestatives (pilules contraceptives microprogestatives, système intra-utérin (SIU) hormonal, implant contraceptif, progestatifs injectables) et les solutions non hormonales (DIU au cuivre, préservatifs masculins et féminins, diaphragme/cape cervicale, spermicides, stérilisation à visée contraceptive, méthodes naturelles de contraception).
Mais, depuis l'année 2013, certains moyens de contraception, privilégiés par les utilisatrices, ont vu leurs ventes évoluer. Une tendance qui n'est pas sans rapport avec l'importante controverse dont ont fait l'objet les pilules oestro-progestatives de 3e génération à la fin de l'année 2012. Soupçonnées d'augmenter le risque de thrombose veineuse profonde, celles-ci se sont vues dérembourser à partir du 31 mars 2013. Suite à cette décision, le visage du marché s'est quelque peu modifié. Dans son étude sur l'évolution de l'utilisation en France des contraceptifs oraux combinés (COC) et autres contraceptifs de janvier 2013 à avril 2014, l'ANSM* faisait état d'une baisse de 48 % des ventes (en unités) de COC de 3e et 4e génération. Durant la même période, les ventes des pilules de 1re et 2e génération augmentaient de 32 % (ratio des ventes de 21 % à 79 % en avril 2014). Au global, la vente des COC, toutes générations confondues, a régressé de 5,6 % de janvier 2013 à avril 2014. En cumul mobile annuel à février 2016, la baisse s'est réduite à 1,5 % en unités (source fabricants).
Contraception d'urgence
« Le mouvement de suspicion concernant les pilules de 3e et 4e générations a eu un autre impact, cette fois sur l'utilisation de la contraception d'urgence, remarque Juliette Renavand, directrice des opérations chez HRA Pharma. À cette époque, certaines jeunes femmes ont brusquement arrêté de prendre leur pilule, multipliant les situations à risque de grossesse, et donc le recours aux contraceptifs d'urgence. » Les ventes du segment ont augmenté de 5,6 % en 2013. Mais depuis, elles n'évoluent pas beaucoup et totalisent 1,5 million de boîtes vendues en 2015. « La Smerep dénonce une utilisation trop facile de la contraception d'urgence, et pourtant l'estimation du nombre de rapports non protégés, respectivement faite par la Haute Autorité de santé et l'Inspection générale des affaires sociales, dépasse largement les 1,5 million déjà évoqués pour atteindre entre 4,4 millions pour l'une, et 23 millions par an pour l'autre ! »
Une logique que confirme le nombre d'interruptions volontaires de grossesses qui, avec 218 100 actes réalisés en France en 2015 (Drees, juin 2016), ne semble pas réellement s'infléchir. « Peu de femmes qui se présentent dans un centre d'IVG ont eu recours à une contraception d'urgence. Cette médication n'est pas bien comprise par une population qui pense qu'elle peut être efficace même lorsque l'ovulation est dépassée ou qu'elle est abortive. Il existe un grand besoin d'éducation pour ces femmes qui trop souvent sous-estiment le risque de grossesse en méconnaissant leur propre cycle. » Une situation que les contraceptifs d'urgence à l'ulipristal et au lévonorgestrel du laboratoire HRA Pharma pourraient contribuer à améliorer tout comme les génériques à base de lévonorgestrel de Biogaran, Mylan…
L’essor des DIU au cuivre
La désaffection ressentie pour la contraception orale, amorcée dès les années 2000, avec une baisse de 14 points entre 2000 et 2010 (Enquête Fécond 2013 – Inserm-Ined), n'empêche pas la pilule de rester le moyen de contraception préféré des Françaises, qui étaient 36,5 % à l'utiliser exclusivement en 2013, devant le stérilet et le préservatif. Cette tendance ne remet pas non plus en cause la consommation des contraceptifs (hors préservatifs) dans leur ensemble, dont les ventes n'enregistrent, de janvier 2013 à avril 2014, qu'un léger recul de 0,5 %. En revanche elle est compensée par l'engouement que suscitent d'autres dispositifs.
Ainsi les ventes d'implants et dispositifs intra-utérins avec (SIU) et sans hormones (DIU au cuivre) gagnent 26 % en unités sur la période considérée, avec une hausse remarquable de 45 % pour ces derniers. « Suite aux événements de 2012-2013, les alternatives à la contraception orale ont suscité un regain d'intérêt, et tout particulièrement les DIU au cuivre qui, dénués d'hormones, correspondaient bien aux femmes en recherche de solutions naturelles », explique Adrien Pastor, responsable marketing chez CCD. Leur taux d'efficacité élevé en utilisation courante, leur aspect pratique et durable – une mise en place pour cinq ans de protection – et leur absence d'interaction avec d'autres traitements a également joué en leur faveur. « Le stérilet est une méthode contraceptive de première intention, comme la pilule de 2e génération », résume Adrien Pastor. Quelque peu ralenties en 2014 et 2015, les ventes de DIU/SIU sont reparties à la hausse au premier semestre 2016 avec une augmentation de 5,5 % (cumul fixe à août 2016). « Ces dispositifs font aujourd'hui l'objet d'une demande spontanée de la part des patientes. ». Et tout particulièrement les stérilets au cuivre qui agissent comme un moteur pour l'ensemble du segment. Le dynamisme de ces dispositifs médicaux de classe III repose aussi sur le prix, 30,50 euros remboursés à hauteur de 65 % pour une protection de plusieurs années. On les trouve auprès de laboratoires comme CCD, Hépatoum, HRA Pharma, Euromedial (…) dont certaines gammes abritent des modèles conçus pour s'adapter à la forme de l'utérus des multipares comme des nullipares. Les systèmes intra-utérins hormonaux viennent compléter le segment et sont proposés par Bayer Healthcare.
Pression sur les prix
Les tests de grossesse et d'ovulation (Clearblue et son nouveau test de grossesse détection précoce chez Procter & Gamble, Suretest chez Cooper, Predictor chez Oméga Pharma, Exacto chez Biosynex, Elle Test des Laboratoires Gilbert, Easytest chez Visiomed…), pour leur part, ne connaissent pas une évolution positive. Depuis quelques années, les ventes du segment en pharmacie régressent pour atteindre, à avril 2016 et sur un an, 30 millions d'euros pour 5 millions d'unités vendues. Cause principale de ce déclin, l'ouverture du marché des tests de grossesse en 2014, qui a fait du circuit GMS un concurrent direct de l'officine, misant essentiellement sur l'attractivité du prix. « En pharmacie, la valeur (-6 %) régresse plus que le volume (-3 %), remarque Gautier Rigaill, responsable de la gamme Digit au sein du Laboratoire Marque Verte. Le prix des tests diminue sous la pression de la grande distribution. »
En pharmacie comme en GMS, on trouve un éventail de modèles allant du test de grossesse basique aux dispositifs digitaux, plus qualitatifs, et capables, pour certains, de proposer une indication en toutes lettres (« enceinte » ou « pas enceinte »), l'estimation du nombre de semaines de grossesse, la détection précoce de grossesse quelques jours avant la date de retard des règles, le tout après quelques minutes d'attente. « C'est la qualité du dispositif et le conseil fourni par le pharmacien qui feront la différence auprès d'une clientèle qui, avant tout, attend du test une réponse sûre. » Le sous segment des tests de grossesse double en témoigne puisqu'il gagne 10 % en volume et 3 % en valeur. Une exception dans un contexte morose que nourrissent aussi les tests d'ovulation (17 % du segment en valeur) qui enregistrent une baisse de presque 3 % en volume comme en valeur. Également réalisé à partir de l'urine, le dispositif permet de déterminer la période de fertilité probable à partir du test positif.
*Agence nationale de sécurité du médicaments et des produits de santé.
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