Depuis 2012, la CNAM construit une cartographie des pathologies et de leurs dépenses pour les 57,6 millions de bénéficiaires du régime général, représentant ainsi 9 Français sur 10. Le but ? Objectiver des tendances, l’impact financier des thérapies innovantes, l’évolution des prises en charge. En 2017, 20 millions des bénéficiaires (35 %) ont été soignés pour une pathologie chronique, 26 millions (45 %) si l’on inclut les postes maternité, hospitalisations ponctuelles et traitements antalgiques. Sur un total de 140 millions de dépenses remboursées par le régime général, les maladies psychiatriques ont coûté à elles seules plus de 20 milliards d’euros. C’est moins que le coût des hospitalisations ponctuelles (31,3 milliards d’euros) mais bien plus que les cancers (15,6 milliards d’euros) ou les maladies neurovasculaires (14 %). Cependant, la tendance pourrait bien s’inverser.
Innovations
En effet, les dépenses en santé mentale semblent contenues par un nombre de patients en léger recul depuis 2012, tandis que les cas de cancers activement traités sont en constante augmentation, et même en cours d’accélération depuis 2015 avec une croissance annuelle comprise entre 3,1 % et 4,5 %. En 2017, près d’1,2 million de patients du régime général sont concernés, avec une prévalence plus élevée chez les femmes avant 55 ans qui s’inverse ensuite, pour un coût global de 14 milliards d’euros. À lui seul, le cancer du poumon est remboursé à hauteur de 1,6 milliard d’euros en 2017, soit un peu plus de 20 000 euros par patient et par an. Si le nombre de malades est en constante augmentation, en particulier les femmes de 65-74 ans qui payent aujourd’hui leur entrée dans le tabagisme dans les années 1970, les fortes hausses de dépenses sont aussi à mettre sur le compte de l’arrivée de nouveaux traitements. Les anti-PD1 et les anticorps monoclonaux, essentiellement délivrés à des patients hospitalisés, sont d’autant plus repérables qu’ils sont facturés en sus du séjour hospitalier. Avec l’arrivée de fortes innovations thérapeutiques, notamment les CAR-T cells aux prix très élevés, la CNAM va redoubler de vigilance. Hors cancer du poumon, elle observe une progression des dépenses remboursées des médicaments délivrés en ville, « témoins par exemple du développement des chimiothérapies orales ».
Régulation
Dans un focus consacré au diabète, la CNAM souligne que la pathologie touche 3,2 millions de personnes du régime général, en particulier dans les régions du nord et de l’est, ainsi que dans les territoires ultramarins, et engendre 7 milliards d’euros de dépenses annuelles, soit 2 160 euros en moyenne par patient. Des dépenses qui se répartissent principalement entre les postes médicaments (30 %), soins infirmiers (18,5 %) et autres produits de santé (18 %). « On observe une baisse continue des dépenses moyennes du poste médicament et ce malgré l’arrivée de nouvelles générations de traitements (analogues du GPL-1 et inhibiteurs de la DPP-4), ce qui traduit l’impact des mesures de régulations mises en œuvre », note la CNAM. En revanche, les deux autres postes sont en croissance, portés par les pompes à insuline et les bandelettes pour produits de glycémie d’une part, et les soins infirmiers liés au développement de l’insulinothérapie en ambulatoire. Il en résulte une hausse des dépenses globales entre 2016 et 2017 de 3,2 %, alors qu’elles décroissaient les années précédentes. La CNAM surveille en particulier les dépenses liées aux lecteurs de glycémie Freestyle Libre, remboursés depuis le 1er juin 2017.
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