« Nous planifions un essai clinique avec la Food and Drug Administration (FDA) afin d’évaluer quels sont les effets du régime simulant le jeûne (fasting-mimicking diet ou FMD) chez des patients présentant un diabète de type 2, y compris ceux ayant un déficit en insuline, ce qui permettra d’évaluer aussi le potentiel pour les patients diabétiques de type 1 », confie au « Quotidien » le Dr Valter Longo, directeur du Longevity Institute à l’université de Californie du Sud (USC, Los Angeles) qui a dirigé l’étude publiée dans la revue Cell.
« Ce régime FMD ne devrait être effectué que sous la supervision d’un professionnel qualifié et uniquement avec un médecin en cas de maladie », prévient-il.
La pratique du jeûne pour améliorer la santé n’est pas nouvelle. Hippocrate, Platon et d’autres philosophes de l’Antiquité louaient déjà ses vertus. Il y a quelques années, des études ont montré que des cycles de 2 à 3 jours de jeûne pouvaient protéger la souris et les hommes de la toxicité liée aux chimiothérapies anticancéreuses et pouvaient favoriser la régénération des cellules dérivant des cellules souches hématopoïétiques. Afin d’offrir une option plus plaisante et mieux tolérée que le jeûne, le Dr Longo et son équipe de l’USC ont mis au point un régime appelé « Prolon », pauvre en calories, sucres et protéines mais riche en bonnes graisses végétales. Lorsqu’il est administré pendant 4 jours, ce régime abaisse des facteurs de croissance spécifiques ainsi que le glucose, tout en augmentant les corps cétoniques, reproduisant ainsi les effets métaboliques du jeûne.
Deux modèles murins
Plusieurs études ont montré depuis les bénéfices prometteurs sur la santé d’un bref régime simulant le jeune (FMD) effectué de façon périodique. Dans l’étude publiée dans « Cell », Cheng et coll. ont étudié les effets du régime FMD sur le diabète dans deux modèles murins : la souris db/db qui porte une mutation du gène du récepteur leptine et développe un diabète de type 2 avec perte tardive d’insulinosécrétion ; la souris exposée au toxique streptozotocine qui développe un diabète de type 1 avec perte des cellules bêta-insulinosécrétrices. Le régime FMD administré 4 jours par semaine pendant 2 mois (6 à 8 cycles) à ces deux types de souris restaure remarquablement la masse des cellules bêta, l’insulinosécrétion et l’équilibre glycémique. Les gènes (Sox17 et Pdx-1) normalement actifs durant le développement du pancréas chez la souris embryonnaire/foetale sont réactivés par l’alternance du régime FMD et de l’alimentation normale. Cette réactivation augmente la production de la protéine neurogénine-3 (Ngn-3) qui favorise le développement de nouvelles cellules bêta-sécrétrices d’insuline.
Les chercheurs ont aussi étudié des ilôts pancréatiques de patients diabétiques de type 1 en les exposant in vitro au sérum de sujets ayant effectué 5 jours de régime FMD. Ils ont constaté que le sérum FMD induit également l’expression de la protéine Ngn-3 et la production d’insuline dans ces ilots bêta de patients, ce qui laisse penser qu’un régime simulant le jeûne pourrait effectivement améliorer le diabète chez les patients. Ces effets du régime FMD semblent être liés à la réduction des taux d’IGF-1, et à la baisse consécutive de l’activité PKA et mTor.
Des résultats importants
« Ces résultats justifient un essai clinique chez les patients diabétiques, conclut le Dr Longo. Nous espérons que les patients pourront un jour être traités en suivant pendant quelques jours chaque mois un régime simulant le jeûne, tout en s’alimentant normalement le reste du temps. » Sur le plan médical, « ces résultats pourraient être très importants car nous avons montré, au moins dans deux modèles murins, qu’un régime alimentaire peut permettre de renverser les symptômes du diabète », précise le Dr Longo. Mais précise-t-elle, du point de vue scientifique, « ils sont peut-être encore plus importants car nous avons montré que l’on peut recourir à un régime alimentaire pour reprogrammer des cellules, sans être obligé d’introduire des altérations génétiques ».
L’étude pourrait avoir des implications pour d’autres maladies. « Nous examinons si la reprogrammation cellulaire affecte la régénération et le rajeunissement d’autres organes et systèmes. Nous conduisons des études animales mais nous ne sommes pas loin de débuter des études cliniques pour des maladies neurodégénératives, laisse entrevoir le Dr Longo. La chose étonnante est que ce système a probablement été toujours là. Maintenant que nous l’avons découvert, nous pouvons trouver les moyens de l’utiliser pour améliorer la santé humaine », s’enthousiasme-t-elle.
Cell, Cheng et coll.
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