LES RELATIONS entre grippe et surinfections bactériennes sont connues depuis longtemps. Au cours des trois pandémies de grippe du XXe siècle, la grippe « espagnole » de 1918, la grippe asiatique de 1957 et la grippe de Hong Kong en 1968, les surinfections bactériennes ont été responsables de la plupart des décès. Elles étaient principalement dues au staphylocoque doré et au pneumocoque.
Concernant la pandémie de grippe A(H1N1)v de 2009, sur 77 décès répertoriés en Amérique latine, 22 ont été attribués à une infection invasive bactérienne sur des arguments histologiques, immuno-histochimiques et moléculaires, S. pneumoniae, D. pyogenes et S. aureus étant les trois germes en cause.
Les épidémies de grippe sont également, avec un décalage de quelques jours, suivies d’une augmentation de l’incidence des infections méningococciques, notamment des formes les plus graves. La survenue d’une surinfection bactérienne s’explique par les effets cellulaires du virus grippal (perte de l’intégrité de la barrière épithéliale et altération de la réponse immunitaire) et le rôle de la neuraminidase virale qui facilite l’adhésion et l’invasion bactérienne.
Ces mécanismes ont été retrouvés dans les modèles expérimentaux (J.-M. Alonso, Institut Pasteur Paris) : les souris normalement résistantes au méningocoque deviennent sensibles après une primo-infection par le virus influenzae. Il existe une fenêtre de sensibilisation transitoire à l’infection bactérienne de 7 jours qui s’explique par une perturbation de la balance des cytokines sécrétées par les lymphocytes Th1 et Th2.
Ces résultats expérimentaux corroborent les données épidémiologiques, le pic des surinfections méningococciques survient avec un décalage de 7 à 15 jours, d’où l’importance de la prévention des surinfections par une surveillance de toute reprise de la fièvre après amélioration du syndrome grippal.
Au plan collectif, la vaccination antigrippale, outre son efficacité spécifique, reste la meilleure prévention des complications de la grippe.
La vaccination méningococcique.
Compte tenu de l’émergence de nouveaux phénotypes parmi les souches de méningocoques de sérotype C en France, de l’association spatio-temporelle entre infections invasives à méningocoque et grippe, de l’expérience des autres pays ayant mis en place une stratégie de vaccination universelle contre les méningites à méningocoque utilisant des vaccins conjugués C, le Haut Conseil de la santé publique, sur proposition du comité technique des vaccinations, recommande la vaccination systématique, avec une seule dose, de vaccin méningocoque C conjugué chez le nourrisson entre 12 et 15 mois, un rattrapage des sujets entre 16 mois et 19 ans.
En attendant l’impact optimal de cette stratégie sur les tranches d’âge non ciblées par cette recommandation (avant 1 an et après 19 ans), la vaccination peut être proposée : avant 1 an avec un schéma à deux doses et rappel (3 - 5 - 15 mois), entre 20 et 24 ans avec un schéma à une dose.
Menjugate kit, vaccin méningococcique du groupe C, oligosidique conjugué à une protéine CRM 197 de la toxine de Corynebacterium diphtheriae, dont l’efficacité a été très largement démontrée, répond aux nouvelles recommandations de vaccination systématique.
Il fait l’objet d’une demande d’inscription sur la liste des spécialités remboursables aux assurés sociaux.
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Françoise Amouroux
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