Les controverses concernant l’utilisation des statines pour prévenir les événements cardiovasculaires n’ont pas uniquement affecté leur utilisation en prévention primaire : des malades à haut risque, avec des maladies cardiovasculaires établies, se détournent également de cette classe de molécules, qui serait « sous-utilisée en prévention secondaire », affirment les auteurs d’une étude dans « JAMA Oncology ».
Forts de ce constat, les chercheurs menés par le Pr Paul Heidenreich, de l’Université de Stanford aux États-Unis, se sont attelés à re-dorer l’image des statines chez les patients avec une athérosclérose établie.
Leurs travaux ont porté sur 509 766 patients atteints d’athérosclérose, âgés de 21 à 84 ans. À un an de suivi, leur étude rétrospective et observationnelle montrait que, quel que soit l’âge, les patients sous statines à fortes doses avaient une survie améliorée par rapport à ceux sous statines à doses modérées ou faibles.
Taux de mortalité de 4 % à 6,6 %
Dans le détail, les patients sous de hautes doses (40-80 mg d’atorvastatine, 20-40 mg de rosuvastatine ou 80 mg de simvastatine) présentaient une mortalité toute cause de 4 %, à 492 jours de suivi. Ceux prenant des doses modérées de statines (10-20 mg d’atorvastatine, 2 x 40 ou 80 mg de fluvastatine, 40 mg de lovastatine, 2 - 4 mg de pitavastatine, 40-80 mg de pravastatine, 5-10 mg de rosuvastatine ou 20-40 mg de simvastatine) présentaient une mortalité de 4,8 %. Les patients traités avec des doses faibles de statines (20-40 mg de fluvastatine, 20 mg de lovastatine, 10 mg de simvastatine, 1 mg de pitavastatine ou 10-20 mg de pravastatine) avaient une mortalité de 5,7 %. Enfin, ceux qui n’étaient pas sous statine avaient une mortalité de 6,6 %.
« Les statines à hautes doses sont donc associées à une amélioration faible mais significative de la survie, comparée aux statines à doses modérées, même chez les adultes de plus de 75 ans », concluent les auteurs. Pour le Dr Philippe Gabriel Steg, praticien à l’hôpital Bichat (Paris), étudier la mortalité toute cause n’a pas lieu d’être lorsqu’il s’agit des effets des statines : « Les statines n’ont aucun effet sur la mortalité non-cardio-vasculaire », fait-il remarquer. Mais ces résultats reflètent néanmoins ceux de la plupart des essais randomisés contrôlés sur la maladie coronaire et confirment donc les recommandations des sociétés savantes américaines et européennes.
Ces dernières ne préconisent cependant pas un traitement à fortes doses pour les patients au-delà de 75 ans. « Les données concernant un bénéfice chez ces patients sont limitées, car les patients âgés ne sont souvent pas inclus dans les essais randomisés », précisent les auteurs d’un éditorial accompagnant l’étude qui, comme le Pr Steg, recommandent de prendre les résultats des études observationnelles avec précaution. Les Pr Robert Bonow et Clyde Yancy concluent « qu’il s’agit d’une observation importante, qui invite la communauté à mener des études randomisées incluant des patients âgés ».
Pour le Pr Steg, il est difficile d’établir des règles chiffrées et quantitatives chez les personnes âgées : « ça reste quand même à l’interprétation de chaque médecin et à l’appréciation de chaque patient concernant la qualité et la quantité de vie. »
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